Union africaine : Comptes et mécomptes d'un Sommet (1ère partie)
L’épineux problème de la migration a été l’un des sujets phares lors du dernier sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Addis Abéba, les 28 et 29 janvier 2018. Durant ce sommet, le président guinéen Alpha Condé a cédé la présidence tournante de l’organisation à son homologue rwandais Paul Kagame.
D’entrée, le sujet sur la situation en Libye a été traité, suite à la vague d’indignations qui se sont succédé après les révélations par CNN des conditions de migrants dans ce pays. Depuis lors, l’Union Africaine avait pris ce dossier en main, désignant le président Denis Sassou Nguesso, chef du comité de haut niveau de l'UA sur la Libye et un rapport devait être produit par ce dernier lors de ce sommet, mais finalement repoussé.
Selon Moussa Faki Mahamat, le président de la commission de l’UA : « Les migrants qui étaient dans des centres et qui subissaient des traitements inhumains ont été presque tous rapatriés volontairement chez eux. Et le processus continue. » Opération de rapatriement activement soutenue par le roi Mohammed VI qui, lors du sommet UA/UE le 30 novembre à Abidjan, avait déjà pris l’engagement de déployer des C130 pour un pont aérien.
Pour la commission de l'Union africaine (UA), ce sont désormais plus de 13.000 personnes qui ont été rapatriées chez elles depuis début décembre.
Selon la commissaire aux Affaires sociales, qui gère le dossier, il y a 54 centres de détention. Selon la Soudanaise Amira el-Fadil, il faut les fermer. Pour le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Tahar Siala, il y a deux types de centres : « Il y a les centres de détention légaux sous la supervision du ministère de l'Intérieur. Il y en a d'autres qui sont sous le contrôle de milices, et on est en train de les fermer car ils sont illégaux».
Revenant sur l’engagement du Maroc sur le dossier de l’immigration, le roi Mohammed VI bien que n’étant pas présent lors de ce sommet, a dépêché son chef...
du gouvernement Saadeddine Elotmani pour lire son message. Ce discours royal s’est exclusivement concentré sur la question migratoire. A ce sujet, le Roi avait été désigné "Leader" africain par ses pairs. Le chef de l’Etat marocain a fait un discours prospectif basé sur la déconstruction des mythes associés à la migration, approche qu’il a lui-même appelée : « Agenda Africain pour la Migration».
Dans cet Agenda, le Roi donne des éléments statistiques et analytiques : des éléments statistiques, « Il n’y a pas de déferlante migratoire puisque les migrants ne représentent que 3.4% de la population mondiale.
La migration africaine est d’abord intra-africaine. Sur le plan mondial, la migration représente moins de 14% de la population. A l’échelle africaine, 4 migrants africains sur 5 restent dans le continent.
La migration n’appauvrit pas les pays d’accueil puisque 85% des revenus des migrants restent dans ces pays », suffisant pour calmer les contrariétés venues d’outre-Méditerranée et sur le plan analytique, il soutient que « l’Agenda Africain pour la Migration propose (… ), suppose un changement de paradigme, une redéfinition introspective et positive de la migration, ainsi qu’une volonté politique réelle des Etats, qui ont : chacun a intérêt à ce que la migration se fasse dans la sécurité, la légalité, la régularité, l’ordre et le respect des droits humains ».
Sur un autre registre l’Agenda est fait pour se projeter vers la création d’un Observatoire Africain de la Migration dont le travail sera basé sur le triptyque "comprendre, anticiper et agir" et aura pour mission de développer l’observation et l’échange d’informations entre les pays africains, afin de favoriser une gestion maîtrisée des flux migratoires. Le Maroc propose d’abriter cet Observatoire.
Et pour terminer, le Roi décline les prochaines étapes de l’Agenda qui seront des rencontres sur le sol marocain : d’abord la Conférence Intergouvernementale d’adoption du Pacte Mondial pour des Migrations sûres, ordonnées et régulières, et ensuite le Forum Global pour la Migration et le Développement qui lui est prévu en décembre 2018.
Mouhamet Ndiongue
Commentaires