Arabie saoudite : purges, corruption, transaction… et résultat final de 107 milliards de dollars
Le procureur général d'Arabie saoudite Saoud al Mojeb a indiqué ce mardi 30 janvier que la valeur estimée des accords transactionnels conclus avec certaines personnes arrêtées lors de l’ « opération anticorruption » lancée en novembre dernier, dépassait 107 milliards de dollars. Une soixantaine de personnes sur les centaines qui avaient été arrêtées sont toujours en détention.
Le 4 novembre 2017, en effet, 381 princes, ministres et hommes d’affaires étaient arrêtés en Arabie saoudite lors d’une « opération anticorruption » lancée par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, 32 ans. Cette purge a été présentée à ses débuts comme "une nouvelle ère de transparence", mais au fil du temps, elle est apparue pour ce qu’elle est, une sorte de racket. Aujourd’hui, 56 dignitaires sont toujours en détention, le procureur général ayant refusé tout arrangement avec eux, « en raison d’autres dossiers criminels en cours » et afin de « poursuivre le processus d’enquête ».
Le prince Al-Walid ben Talal, 62 ans, cousin du prince héritier, a été libéré samedi après avoir conclu un "arrangement" avec les autorités dont la teneur n'a pas été divulguée. Personnalité très médiatisée, al Walid Ben Talal, dont la fortune est estimée à 17 milliards de dollars par le magazine Forbes, est un acteur de premier plan dans le monde financier saoudien. Il était détenu avec d'autres personnalités à l'hôtel Ritz-Carlton, un palace de la capitale saoudienne fermé au public et...
transformé en "prison dorée" depuis près de trois mois.
Après 3 mois de rumeurs, et, dans une déclaration officielle, Saoud al Mojeb a expliqué que l’examen des dossiers était « terminé », que les négociations et les arrangements avec les personnes accusées de corruption avaient « abouti » et que certains dossiers avaient été transmis au bureau du procureur en vue des « procédures pertinentes ». Ce bureau a décidé de libérer tous les individus pour lesquels les accusations n’étaient « pas suffisamment fondées » et tous ceux avec lesquels le gouvernement a conclu des accords après qu’ils ont « admis les accusations de corruption ».
Avec cette opération, l’Arabie saoudite a mis au point un procédé inhabituel, voire même étranger, et très certainement inquiétant, de résorption de la dette publique et du déficit du budget. En effet, pendant les deux premiers trimestres de l'année 2017, le déficit budgétaire a atteint 20 milliards de dollars environ, et pour l’ensemble de l’année 2017, le gouvernement avait prévu un budget 2017 en déficit de 53 milliards de dollars.
Au 30 juin 2017, la dette publique avait atteint 91 milliards de dollars, contre 84,3 milliards de dollars à la fin de 2016.
Avec les 107milliards de dollars engrangés par la purge et le chantage à la prison, le gouvernement saoudien bénéficiera d’un bol d’air frais, en réalisant les actifs reçus des dignitaires arrêtés, titres, biens immeubles, numéraires…
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