En Catalogne, les indépendantistes conservent la majorité absolue au parlement

En Catalogne, les indépendantistes conservent la majorité absolue au parlement

Une rude défaite pour Mariano Rajoy… C’est le résultat infligé par les électeurs catalans au Premier ministre espagnol. Aux législatives anticipées de la région dissidente de Catalogne, et avec un taux de participation record à 82%, les trois formations indépendantistes disposent, avec 70 sièges sur 135, de la majorité absolue, selon des résultats quasi définitifs. Le parti du président déchu Carles Puigdemont, « Ensemble pour la Catalogne », est la première formation indépendantiste, avec 34 sièges.

Ciudadanos est pourtant devenu le premier parti en Catalogne, avec 36 élus, mais le système électoral catalan, fait de pondération entre les différentes zones de la région, donne la majorité des sièges aux indépendantistes. C’est donc une victoire aux points, mais pas aux voix…

En termes de voix, en effet, les partis indépendantistes ne réunissent que 47,5% des suffrages. C’est par le jeu de pondérations de voix, qui bénéficie aux régions rurales où les sécessionnistes sont mieux implantés, que Carles Puigdemont et ses alliés ont pu remporter cette majorité absolue au Parlement.

« La république catalane a vaincu la monarchie du 155 », s’est exclamé depuis Bruxelles où il est exilé Carles Puigdemont, en référence à l’article 155 de la constitution, activé par Mariano Rajoy et qui suspend l’autonomie. « La réaction du gouvernement espagnol n’est pas la solution », poursuit le président déchu et en fuite, « et...

cela l’Espagne et l’Europe doivent le voir et l’entendre ».

Ainsi donc, en égalant quasiment leur dernier score aux élections régionales, les indépendantistes catalans posent un défi majeur à l'unité de l'Espagne et au gouvernement de Mariano Rajoy qui tablait sur ce scrutin pour les affaiblir. Las…

Mais, si les indépendantistes arrivent à s'entendre pour gouverner, quels seront les membres du cabinet régional ? Carles Puigdemont est inculpé pour "rébellion" et "sédition" et s'il rentre en Espagne, il sera arrêté.  Le chef du deuxième parti indépendantiste, Oriol Junqueras, son vice-président, lui aussi poursuivi, est déjà en prison.

Carles Puigdemont avait déclaré le 12 décembre qu'il reviendrait en Espagne s'il pouvait être investi président. Rien ne s'oppose en principe à ce qu'un dirigeant politique poursuivi soit investi, puisqu'il n'est pas condamné. Mais encore faut-il qu'il reste libre. Et dans son entourage, on laissait entendre, avant le scrutin, qu'il faudrait « qu'on lui permette de rentrer », autrement dit qu'il n'y ait pas d'arrestation à la clef. Il « pourra alors commencer une négociation ».

En gros, un scrutin pour rien, car tout reste à faire et rien n’a changé, sauf le parti populaire de Rajoy qui a été laminé à cette élection et Ciudadanos d’Ines Arrimadas, une jeune juriste farouchement opposée à l’indépendance, et avec laquelle Carles Puigdemont et les siens devront compter à l’avenir.

 

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