Gros hiatus en Belgique : un universitaire marocain arrêté et placé en centre de détention…

Gros hiatus en Belgique : un universitaire marocain arrêté et placé en centre de détention…

Quand on arrive dans un pays étranger pour des activités académiques et universitaires, on est en général prévoyant et on est surtout bien accueilli. Mais il arrive que de gros couacs arrivent… Comme cela a été le cas d’Abdelkader Hakkou, professeur marocain en déplacement en Belgique, qui s’est retrouvé en centre de détention administrative de vendredi 1er décembre au dimanche 3. Récit.

Abdelkader Hakkou est vice-président de l’Université Mohamed 1er d‘Oujda, et vendredi 1er décembre, il arrive à l’aéroport de Charleroi. Il a un visa Schengen délivré par la France mais en cours de validité. Le douanier lui demande le montant dont il dispose : 80 euros. Le Belge ne fait ni une ni deux, et considère qu’on n’entre pas en Belgique avec 80 euros. Alors la machine administrative, par définition efficace et peu intelligente, se met en branle, et voilà notre professeur, parti en Belgique pour un projet de coopération entre plusieurs universités, qui se retrouve au centre fermé de Steenokkerzeel.

Et pourtant, un collaborateur de l’ULB attendait M. Hakkou à l’aéroport pour lui remettre son hébergement et d’autres documents. Ce n’est que dimanche qu’il a été libéré, après plus de 24 heures, et sur intervention personnelle de Yvon Englert, le recteur de l’ULB. Voici ce qu’a déclaré Abdelkader Hakkou, au bord des larmes, à sa libération : « Je suis resté toute la nuit sur une chaise métallique en attendant ce qu’on allait faire de moi, donc ça c’est un peu un aspect d’humiliation, c’est un peu psychiquement difficile à quand on l’habitude...

d’être libre, donc ça fait un peu mal ».

Oh certes, les documents n’étaient peut-être pas tout à fait en règle (visé français de tourisme), mais ce n‘est pas une raison pour interpeller, incarcérer et expulser. D’où le témoignage du recteur : « Nous ne contestons pas que des documents n'étaient peut-être pas comme ils devaient l'être mais cela ne justifiait pas une incarcération et une procédure d'expulsion. Un appel téléphonique aurait permis de donner les renseignements nécessaires ».

Le professeur marocain, biologiste spécialiste du palmier dattier, raconte alors ce dialogue de sourds avec le policier à Charleroi :

  • Que venez-vous faire en Belgique ?
  • Je suis là dans le cadre d’une mission universitaire, donc pour le travail…
  • Ah, alors vous devez avoir un visa de travail !
  • Certes, mais je ne suis pas là pour travailler, mais pour une mission scientifique. Il n’y a pas de rémunération, mais des échanges académiques. C’est une sorte de travail…
  • Fort bien, où logerez-vous et combien avez-vous d’argent sur vous ?
  • J’ai 80 euros, mais tous mes frais sont pris en charge, et je ne sais pas dans quel hôtel je serai…

Et le policier de l’envoyer dans le centre de détention, expliquant que « Monsieur prétend que… ». Ce à quoi l’universitaire marocain répond que « je ne prétends rien, je déclare »… Mais la logique d’un policier des frontières en Europe contre un Maghrébin est difficile à cerner. On doute, on interpelle, on expulse, puis on discute…

C’est dimanche après-midi 3 décembre que M. Hakkou a été libéré et, gentil, il a affirmé « garder la même image de la Belgique, malgré cet incident »…

Commentaires