Au PJD, les partisans d’un 3ème mandat ne désarment pas, et attendent le congrès

Au PJD, les partisans d’un 3ème mandat ne désarment pas, et attendent le congrès

Ce samedi 2 décembre, le secrétariat général du PJD s’est réuni, suite au Conseil national extraordinaire de la semaine dernière,  et a entériné, et « fixé », la décision du Conseil national de ne pas inscrire à l’ordre du jour du congrès  la question d’un 3ème mandat pour Abdelilah Benkirane. Le communiqué du SG sonne comme une (très belle) oraison  du secrétaire général. Mais cela a déplu à certains cadres du parti, qui ont saisi la commission d’arbitrage.

Le weekend dernier, à la surprise générale, le Conseil national extraordinaire du PJD décidait de rejeter la décision d’inclure dans l’ordre du jour du congrès des 9 et 10 décembre la question de l’amendement de l’article 16 des statuts sur un 3ème mandat, barrant la route à Abdelilah Benkirane pour rester en situation. Le vote, acquis à une large majorité, a constitué une surprise pour tout le monde, mais le principal concerné – qui n’a jamais rien demandé, du moins officiellement – a pris acte de la décision, et remis son sort entre les mains de Dieu.

Samedi 2 décembre, les dirigeants du parti, réunis en secrétariat général, ont rappelé à toute fin utile que seul le conseil national a droit de proposer et de valider l’ordre du jour du congrès. La précision est utile car il existe une thèse voulant que le congrès soit souverain, et qu’il peut s’autosaisir de toute question ne figurant pas dans son ordre du jour, établi par le conseil national. C’est l’article 104 des statuts qui permet au secrétariat général d’apporter les explications et d’interpréter les dispositions équivoques des statuts.

Puis, dans leur communiqué, les dirigeants du parti ont largement loué l’action de leur chef sur le départ, appuyant sur son rôle dans le rayonnement du PJD,...

et expliquant qu’il continuera de travailler au sein du parti pour parfaire son œuvre. Et qu’il a lui-même solennellement reconnu le résultat du vote du Conseil national…

Le message est clair : pour le secrétaire général, la messe est dite (si l’on peut dire…), et le congrès ne reviendra pas sur cette question du 3ème mandat. On constatera que ce secrétariat général n'était pas présidé par Benkirane, mais par son adjoint Slimane Elomrani, député de Rabat.

Ce dimanche 4 décembre, pourtant, des cadres du parti se sont élevés contre cette lecture des statuts par le secrétariat général et, par la voix d’un des leurs, le congressiste de Marrakech Brahim Bouhanch, ont décidé de saisir la commission nationale d’arbitrage, en vertu de ce même article 104 qui ouvre la possibilité d’une contestation des décisions du secrétariat général par n’importe quel membre du parti.

Cette commission d’arbitrage devra donc se réunir, ses 6 membres ne pouvant en vertu de l’article 35 des statuts pas être membres d’instances exécutives. La commission devra donc statuer sur ce recours introduit par Brahim Bouhanch, et un vote devrait avoir lieu. Et s’il est positif, la voie restera donc ouverte pour que le congrès inscrive à son ordre du jour la question de l’article 16 et du 3ème mandat.

Mais il semblerait que cela soit difficile car, selon un membre éminent du secrétariat général qui a souhaité conserver l’anonymat, « si cette voie est ouverte, à quoi cela servirait-il de confier la tâche d’élaboration de l’ordre du jour du congrès au conseil national ? On ouvrirait ainsi la possibilité à un ordre du jour en plusieurs dizaines de points ».

Cette semaine, du début à la fin, sera décisive pour le PJD, et pour l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane.

Aziz Boucetta

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