Robert Mugabe : la chute

Robert Mugabe : la chute

Il aura essayé de tenir jusqu’au bout, défiant la rue et le parlement, rejetant tous les appels à son départ. Mais Robert Mugabe, le dernier « père de l’indépendance » en Afrique, toujours vivant (malgré ses 93 ans) et toujours au pouvoir, depuis 37 ans, a jeté l’éponge hier, en adressant sa lettre de démission au parlement réuni pour enclencher sa destitution.

Et pourtant, tout était clair depuis une semaine, quand il avait été placé en résidence surveillée par l’armée, quand il avait été destitué de sa présidence du parti au pouvoir ZANU PF, et quand son Conseil de ministre d’hier a été largement boycotté par ses membres.

« Moi Robert Gabriel Mugabe (...) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat…  J'ai choisi volontairement de démissionner. (...) Cette décision a été motivée par (...) mon désir d'assurer un transfert du pouvoir sans problème, pacifique et non violent », a déclaré le président de l'assemblée nationale Jacob Mudenda, en lisant, sous les applaudissements, la lettre de démission du chef de l'Etat.

L'annonce de sa démission a été immédiatement saluée par un concert assourdissant d'avertisseurs et de cris dans la capitale...

Harare.

Il avait un jour promis de fêter ses 100 ans au pouvoir. Robert Mugabe n'a finalement pas réussi à défier le temps. Incarnation jusqu'à la caricature du despote africain prêt à tout pour perpétuer son règne, il a été contraint à démissionner à 93 ans. Une semaine après un coup de force de l'armée, le plus vieux chef d'Etat en exercice de la planète, longtemps considéré indéboulonnable, a donc dû concéder sa défaite mardi, alors que le parlement avait débuté une procédure visant à le destituer.

Il aura laissé dans l’Histoire ses formules-choc, comme « je suis le Hitler de notre époque. Cet Hitler n'a qu'un seul objectif, la justice pour son peuple, la souveraineté de son peuple, la reconnaissance de l'indépendance de son peuple et son droit à disposer de ses richesses. Si c'est ça être Hitler, eh bien laissez-moi dix fois être Hitler » (2003), ou encore « le Zimbabwe m'appartient! Dieu seul qui m'a nommé peut me destituer, pas le MDC (parti d'opposition), pas les Britanniques (anciens colonisateurs) ». Il s’est trompé, et il a mal fini, entré triomphalement dans l’Histoire, mais sorti par la petite porte, 37 ans après.

Avec AFP

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