Le photomontage du roi Mohammed VI au Qatar crée du remous

Le photomontage du roi Mohammed VI au Qatar crée du remous

Mardi 14 novembre, une photo est apparue sur les réseaux sociaux, montrant le roi Mohammed VI tenant, avec le sourire, une écharpe sur laquelle figure cette inscription : « Vous avez le monde, nous avons Tamim », dans une allusion à la grave crise diplomatique qui secoue les relations entre l’Arabie saoudite et l’émirat du Qatar. Le Maroc a vite fait de démentir l’authenticité du cliché, rejoint par les autorités du Qatar.

Début juin 2017, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn et l’Egypte rompaient brutalement leurs relations diplomatiques et leurs échanges commerciaux avec l’émirat du Qatar, accusé d’entretenir des relations troubles avec le grand voisin perse, l’Iran, et accusé également de favoriser les Frères musulmans, épouvantail des Saoudiens et des Egyptiens. Le roi Mohammed VI avait alors tenté une médiation et envoyé des avions chargés de vivres et de produits de première nécessité. Les Qataris avaient apprécié le geste, diplomatiquement audacieux quand on connaît le caractère irascible des Saoudiens et leur très fort ascendant sur leurs petits (en taille) voisins.

Les Qataris nourrissent donc une certaine affection pour le roi Mohammed VI, et cette sympathie s’est renforcée lorsque, au départ d’Abu Dhabi, dimanche 12 novembre, le chef de l’Etat marocain s’est envolé directement pour Doha, au Qatar, dans le premier vol direct entre les deux villes depuis juin. Il n’en fallait pas plus pour faire naître un hashtag « Mohammed VI, briseur de blocus » chez les internautes de l’émirat.

Et puis, mardi après-midi, une photo (ci-contre) montre le roi Mohammed VI tenant à bout de bras une écharpe avec cette inscription « Vous avez le monde, nous avons Tamim », qui a déclenché un démenti rapide de Yassir Znagui, conseiller du Roi, lequel a dit, dans une sortie inhabituelle pour un conseiller royal auprès d’un média marocain (Le360 en l’occurrence) que : « On est étonné par cette image, car il s’agit d’une image et non pas d’une photographie. C'est un grotesque montage! J’ai été présent à...

côté de Sa Majesté pendant tous ses déplacements lors de ce voyage, et à aucun moment, il n’a tenu ou ne s’est photographié avec une écharpe ».

Il est vrai que cette image, si elle avait été vraie, aurait constitué un sérieux camouflet pour les Saoudiens et leurs alliés dans leur lutte contre Doha, comme l’ont montré certains commentaires désobligeants d’internautes saoudiens passablement énervés par le photomontage. Mais le roi du Maroc n’aurait pas commis cette erreur diplomatique, lui qui tient à maintenir un très strict équilibre dans ses relations avec l’ensemble des pays du Golfe, dont le Qatar fait partie.

Et puis, le chef de l’Etat marocain était à Abu Dhabi pour une visite de plusieurs jours, d’amitié et de travail, annonçait un communiqué du palais, qui ajoutait et précisait que suite à cela, le Roi se rendrait en visite officielle au Qatar. Sa présence dans cet émirat, et son vol direct, n’étaient donc pas une surprise pour les Emiratis. Ni pour les Saoudiens qui veillent au grain…

Le message est déjà assez clair, quant au souci d’équilibre du roi Mohammed VI, pour ne pas en rajouter avec cette photo, fausse donc. Il ne s'agit pas de la première fois que des internautes saisisent l'occasion de balades privées du chef de l'Etat marocain dans les rues et quartiers des villes étrangères qu'il visite pour fabriquer des photos.

Pour leur part, les autorités qataries ont également réagi ce même mardi, par la voix du directeur du bureau de communication gouvernemental au Qatar, Cheikh Saif Ben Ahmad Ben Saif Al Thani, qui a déploré le photomontage dans lequel apparaît le chef de l’Etat marocain portant cette écharpe, et qui a précisé qu’une enquête serait ouverte pour en connaître l’auteur.

Dans son communiqué, le communicateur en chef du Qatar a affirmé que l’auteur de cet acte "inacceptable" n’atteindra pas son objectif, promettant qu’une « enquête sera ouverte pour découvrir l’identité de celui qui cherche à provoquer l’opinion publique ou porter atteinte aux symboles des États ».

Aziz Boucetta

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