Les séparatistes catalans sont finalement allés jusqu'au bout de leur rêve indépendantiste. Le Parlement de Barcelone a en effet adopté vendredi après-midi une motion proclamant l'indépendance de la Catalogne. Une rupture sans précédent en Espagne. Cette motion a été adoptée par 70 voix pour, dix voix contre, et deux votes blancs, sur un total de 135 élus.

A l'extérieur du Parlement catalan, plusieurs dizaines de milliers de manifestants indépendantistes ont salué par des clameurs l'annonce du résultat. Des hourras, des applaudissements et le cri « indépendance » en catalan se sont élevés de la foule.

Peu après, toutefois, l'autonomie de la Catalogne a été suspendue de facto par le chef de gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Le Sénat s'est en effet prononcé pour la mise en œuvre de l'article 155 de la Constitution, qui permet de  mettre sous tutelle la région. Un événement également sans précédent en Espagne depuis que la démocratie a été rétablie en 1977.

Le Premier ministre conservateur a demandé à tous les Espagnols de «garder leur calme», dans un message signé de ses initiales, tandis que le Sénat espagnol accordait au gouvernement central la possibilité de mettre la Catalogne sous tutelle. 

Mariano Rajoy a ensuite annoncé la destitution du président catalan Carles Puigdemont et...

de son exécutif, et la convocation d’élections le 21 décembre en Catalogne. «Ce sont les premières mesures que nous mettons en marche pour éviter que ceux qui étaient jusqu’à maintenant responsables de (l’exécutif catalan) puissent poursuivre leur escalade de désobéissance», a-t-il déclaré à l’issue d’un Conseil des ministres.

La dernière tentative de la Catalogne pour déclarer son indépendance remonte à 1934, lorsque le président de l’époque Lluis Companys avait proclamé une «République catalane» au sein d’une «République fédérale espagnole».

Immédiatement après, les grandes puissances occidentales ont affirmé leur soutien à Madrid et on refusé de reconnaître la Catalogne indépendante. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré qu’il ne voyait pas une Europe avec 95 Etat membres….

Par ailleurs, le parquet espagnol a annoncé qu’il poursuivrait dès la semaine prochaine le chef de l’Exécutif catalan Carles Puigdemont pour « rébellion », une accusation qui peut lui valoir jusqu’à 30 ans de prison. Quant au chef de la police de Catalogne, les Mossos, il a été destitué dans le cadre des mesures prises par Madrid ; mais la police catalane a demandé à ses agents de rester neutres dans cette crise, la plus grave que traverse l’Espagne depuis la mort de Franco et la restauration de la démocratie.