Mehdi Bensaid (PAM) : « Il faut cesser de parler des personnes, et mette en place des courants »

Mehdi Bensaid (PAM) : « Il faut cesser de parler des personnes, et mette en place des courants »

Le PAM file un mauvais coton. Tout le monde le sait, comme dirait Abdelkader Messahel, mais cela, pour le PAM, tout le monde le sait effectivement. Le secrétaire général n’en finit pas de démissionner, ou de revenir, et c’est le problème débattu lors du Conseil national du 22 octobre, à l’issue duquel on a décidé… de ne rien décider. Mehdi Bensaïd, membre du secrétariat du Conseil national, commente cette actualité de son parti.

« Le débat a duré 7 heures et plusieurs propositions ont été émises, sur la démission du secrétaire général, ou du secrétaire général et du Bureau politique, ou d’une convocation d’un congrès électif de toutes les instances. Ilyas el Omari a fait la proposition de constituer une commission présidée par Fatima Zahra Mansouri (présidente du conseil national),  formée de lui-même, de membres du secrétariat du Conseil national, de deux membres du Bureau politique et d’un représentant de chaque région, à élire », nous explique Mehdi Bensaïd. Tout cela nécessitera du temps et de l’énergie car les tenants de chaque proposition ne sont pas nécessairement dans une logique consensuelle, mais conflictuelle avec les autres.

« Oui, cela demandera quelque temps car il faudra élire les représentants des régions et, une fois cela fait, la commission se réunira pour trouver des solutions juridiques à chaque proposition. Le Conseil national extraordinaire devrait alors se réunir, à mon sens, en janvier car le règlement intérieur ne donne droit qu’à une session extraordinaire par an, et il y en a une en janvier », poursuit l’ancien député.

Le maintien d’Ilyas el Omari, si cela se concrétise au prochain Conseil, serait-elle une sorte de réponse à la reconduction d’Abdelilah Benkirane à la tête du PJD ? « Ecoutez, répond Mehdi Bensaïd, il faut sortir de la personnalisation des choses, et parler de projets. Si Benkirane est réélu au PJD, ce n’est pas Ilyas...

qui l’affronterait alors, mais le parti. Il faut un projet pour cela ».

L’ancien (jeune) président de la Commission des Affaires étrangères se félicite aussi qu’il y ait eu un vrai débat interne lors de ce Conseil national, « libre, des gens ayant pris la parole pour remercier Ilyas pour ce qu’il a fait, mais lui ont demandé de partir, et d’autres ont insisté pour qu’il reste ».

Alors, prochaine étape ? « Il faut qu’on y aille tous ensemble, ceux qui veulent la continuité, ceux qui veulent le changement. Il faut rester unis derrière le projet du parti ». Le projet ? Y a-t-il un projet ? « Ilyas a critiqué certains élus du PAM qui ne portent pas le projet. Nous sommes par exemple opposés au PLF, car il est d’essence libérale… Il faut reconsidérer le projet du parti car qu’est-ce qu’un projet ? Des lettres sur un papier, qui ne valent que par les hommes et les femmes qui les portent »… On n’en saura pas plus sur le projet, mais Mehdi Bensaïd appelle à la formation de courants au sein du PAM. « S’il y a des gens qui veulent, par exemple, une alliance avec le PJD, et bien il faut les respecter et parler avec eux de leurs idées. Et idem pour tous les autres courants qui émergeraient. Mais il faut arrêter de parler des personnes ».

Voilà, mais n’en déplaise à l’ancien député, membre dirigeant du PAM, ce ne sont encore aujourd’hui, au PAM et ailleurs, que des luttes et des querelles de ou autour de personnes : Ilyas el Omari ou non au PAM, et qui pour le remplacer ? Hamid Chabat et Nizar Baraka à l’Istiqlal… Abdelilah Benkirane ou non au PJD… que des personnes, encore et toujours.

Quant au PAM, pour l’instant, c’est Ilyas el Omari qui reste, indirectement, aux commandes. Pour quelques mois encore. Peut-être plus.

Le séisme politique attendra…

Aziz Boucetta

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