Un weekend sous tension en Catalogne et en Espagne

Un weekend sous tension en Catalogne et en Espagne

Alors que l’exécutif a suspendu samedi l’autonomie de la Catalogne, afin de contrôler les velléités sécessionnistes menées par Carles Puigdemont, le ministère des affaires étrangères espagnol a appelé dimanche les Catalans à accepter la mainmise de Madrid et à ignorer les instructions de Barcelone.

Accepter l’autorité de Madrid et ignorer les instructions des dirigeants indépendantistes, c’est l’appel adressé au peuple catalan par le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis. Cette invitation à s’en remettre à Madrid intervient après la dissolution de l’exécutif régional et la mise sous tutelle du parlement de Barcelone annoncées par Mariano Rajoy, samedi.

« Nous allons établir les autorités qui vont gérer les affaires catalanes au jour le jour, conformément aux lois et aux normes catalanes (…) J’espère que tout le monde ignorera les instructions qu’ils ont l’intention de donner, parce qu’ils n’aurons pas l’autorité légale de le faire », a ajouté Alfonso Dastis.

Carles Puigdemont, président de l’exécutif Catalan, a jugé samedi les décisions de Madrid inacceptables. Sans jouer, pour l’instant, la carte de la proclamation unilatérale d’indépendance, il a demandé au Parlement régional de débattre des mesures prises par le gouvernement central.

« Les Catalans ne peuvent accepter les mesures prises par Madrid ». Carles Puigdemont a estimé, samedi soir, que ces mesures étaient « les pires attaques contre les institutions et le peuple de Catalogne depuis la dictature militaire de Francisco Franco ».

« Je demande au Parlement de se réunir en séance plénière afin que nous, représentants de la souveraineté des citoyens, puissions décider de la réponse à apporter à cette tentative de liquidation de notre gouvernement et de notre démocratie, et agir en conséquence », a ajouté Carles Puigdemont.

Parlant d’un coup d’Etat, Carme Forcadell, présidente de la chambre, a quant à elle promis de tout faire pour préserver la souveraineté de l’institution.

Mariano Rajoy, a en effet annoncé samedi midi que son gouvernement avait activé l’article 155. C’est la première fois depuis le retour de la démocratie en Espagne dans les années 1970 que Madrid invoque ce texte de la Constitution, qui prévoit...

la suspension de l’autonomie d’une région par le gouvernement central espagnol.

Les prérogatives du Parlement de Catalogne seront dorénavant encadrées et les pouvoirs de l’administration catalanes transférés au gouvernement central. Par ailleurs, le chef du gouvernement espagnol va demander au Sénat d’approuver la destitution du président de la généralité de Catalogne, Carles Puigdemont. Le gouvernement souhaite ainsi la tenue d’élections en Catalogne dans les six mois.

Mariano Rajoy a reçu vendredi le soutien clair du roi d’Espagne, Felipe VI, pour qui « la Catalogne est et restera une composante essentielle » de l’Espagne. Il a obtenu également le soutien de l’opposition pour mettre la Catalogne sous tutelle.

Il appartient désormais au Sénat d’approuver ou non la mise en œuvre de ces mesures d’exception. Un vote est prévu vendredi prochain 27 octobre à la chambre haute du Parlement

Des dizaines de milliers d’indépendantistes catalans, 450.000 manifestants selon la police locale, le président du gouvernement catalan Carles Puigdemont en tête, ont envahi le centre de Barcelone samedi pour réclamer l’indépendance.

« Il est temps de déclarer l’indépendance », a affirmé Jordi Balta, 28 ans, employé dans une papeterie, jugeant que l’heure n’était plus au dialogue.

La manifestation prévue à l’origine pour réclamer la libération de deux leaders séparatistes, Jordi Cuixart, de Omnium Cultural, et Jordi Sánchez, de l’Assemblée nationale catalane (ANC), emprisonnés pour sédition, a changé de tournure après les annonces de Madrid.

Les organisations de masse catalanes ANC et Omnium, qui militent pour l'indépendance de la région, avaient appelé leurs partisans à se rassembler à partir de 17h00 à Barcelone, la capitale régionale, pour protester contre le placement en détention de leurs dirigeants pour des accusations de sédition.

Le bras de fer entre Madrid et l’exécutif catalan dure depuis des semaines et l’organisation, jugée illégale par la Cour constitutionnelle d’Espagne, d’un référendum d’autodétermination en Catalogne qui s’est tenu le 1er octobre et s’est soldé par une très large majorité de votants en faveur de l’indépendance, même si le taux de participation n’a été que de l’ordre d’un peu plus de 40%.

Agences

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