Vidéo - Brusque montée de tension entre Alger et Rabat, qui rappelle son ambassadeur en Algérie

Vidéo - Brusque montée de tension entre Alger et Rabat, qui rappelle son ambassadeur en Algérie

Le chargé d’affaires algérien à Rabat a été convoqué au ministère des Affaires étrangères à Rabat. Cette décision  été prise par les Marocains suite aux déclarations du chef de la diplomatie algérienne à l’encontre du Maroc et de sa politique africaine, jugées « gravissimes », irresponsables et puérils. Abdelkader Messahel a dit clairement, en effet, que le Maroc fait dans le blanchiment d’argent de la drogue en Afrique. Et tout cela se produit alors que l’Envoyé de l’ONU Horst Koehler est dans la région.

Qu’a dit Messahel ? (vidéo ci-dessous)

Evoquant la politique africaine du Maroc devant des les chefs d’entreprises à l’université d’été du FCE, qui se tient à la Safex (Alger), le chef de la diplomatie algérienne, anti marocain notoire, a déclaré que  « le Maroc recycle en réalité l’argent du haschisch via ses banques dans le continent ».

Puis il a ajouté que les compagnies marocaines opérant vers les pays africains « ne transportent pas uniquement des voyageurs », précisant, à tout fin utile : « Il y a des dirigeants africains qui le reconnaissent ». Des noms, peut-être ?...

En réalité, Abdelkader Messahel se défendait contre les reproches à lui faits par les entrepreneurs qui louent le dynamisme marocaine en Afrique : « L’Algérie n’est pas le Maroc. Beaucoup parlent de la présence marocaine sur les marchés africains, en réalité, il n’y a rien (makan walou)…  Tout le monde sait que le Maroc est une zone de libre-échange ouverte aux compagnies étrangères pour ouvrir des usines et employer quelques Marocains ».

Le chef de la diplomatie algérienne, dans son langage fleuri, ne mentionne pas de responsables africains qui lui aient dit ce qu’il met dans leur bouche. Même pas ses amis sud-africains, ou zimbabwéens…

Comment le Maroc a réagi ?

Rapidement.  Tard dans le soir, il convoque le chargé d’affaires algériens et lui met devant lui les déclarations de son chef. Le ministère, dans son communiqué, précise qu’ « il lui a été signifié le caractère irresponsable, voire "enfantin", de ces déclarations, émanant de surcroit du chef de la diplomatie algérienne, censé exprimer les positions officielles de son pays au niveau international. Ces déclarations sans fondement ne sauraient porter atteinte à la crédibilité ni au succès de la coopération du Royaume du Maroc avec les pays africains frères, et qui est largement saluée par les Chefs d’Etat africains et appréciées par les populations et les forces vives du continent ».

En allusion. « L’engagement pour l’Afrique ne peut être réduit à une question de ressources financières, sinon l’Algérie avec ses pétrodollars aurait pu réussir »…

« Du reste, l’action efficace et les efforts considérables du Royaume du Maroc,...

notamment en matière de lutte contre les trafics de drogues, y compris en particulier les substances psychotropes en provenance de l’Algérie, sont largement connus au niveau international et reconnus par les institutions internationales spécialisées ».

En méprisant. Le communiqué ajoute que « les propos tenus par le Ministre algérien sur des institutions bancaires et la compagnie aérienne nationale, témoignent d’une ignorance aussi profonde qu’inexcusable des normes élémentaires du fonctionnement du système bancaire et de l’aviation civile, tant à l’échelon national qu’international ».

« Le Royaume du Maroc, en condamnant ces propos affabulatoires, d’un niveau d’irresponsabilité sans précédent dans l’histoire des relations bilatérales, relève qu’ils coïncident avec la tournée régionale de l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général pour le Sahara, ainsi qu’avec les préparatifs du Sommet UE-Afrique, prévu fin novembre 2017 à Abidjan ».

En attaquant. « Face à ce développement inacceptable, le Royaume du Maroc a décidé le rappel en consultation de l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Algérie, sans préjudice des actions que les institutions économiques nationales diffamées par le Ministre algérien, pourraient prendre ».

Pendant la visite de l’Envoyé spécial Horst Koehler

Abdelkader Messahel est agressif, mais pas (très) stupide. Il a prononcé ses mots alors que l’ancien chef d’Etat allemand Horst Koehler, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara, est en première tournée dans la région.

Dans l’esprit de Messahel, il a fait d’une pierre deux coups. Il a d’abord convaincu les entreprises algériennes que le Maroc ne fait ni ne vaut rien en Afrique, et, ensuite, il a fait entendre à Koehler que le Maroc fait dans le grand trafic international de drogue, qu’il est un Etat voyou et criminel.

Mais le fait de dire cela montre le peu de connaissance du ministre algérien en matière de transport aérien et de relations internationales, mais surtout, il montre le très peu de cas qu’il fait de l’intelligence des dirigeants des pays subsahariens, et aussi de Koehler. Il ne suffit pas d’accuser pour être cru, même en usant de mots crus.

Enfin, Messahel affiche la véritable nature du régime algérien, plutôt grossier et vindicatif, attaché à une vision éculée et dépassée d’une Afrique immature, conduite par des Algériens socialistes et universalistes. Un régime qui attache un homme à l’article de la mort sur un fauteuil et le présente à la face du monde et de son peuple come un président actif…

Le Maroc aurait pu ne pas répondre, face à ces propos véritablement enfantins et sans arguments. Mais pour la double raison de sa nouvelle doctrine diplomatique et de la présence de Koehler dans la région, il li fallait réagir de la manière la plus virulente qui soit.

Il l’a fait.

 

Aziz Boucetta

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