Conduite des femmes en Arabie saoudite, l’impact économique

Conduite des femmes en Arabie saoudite, l’impact économique

La décision du roi Salmane d’Arabie saoudite d’autoriser les femmes à conduire, à partir de juin 2018, est une véritable révolution dans ce pays qui figure parmi les plus rigoristes au monde sur le plan religieux. Mais cette décision n’est pas uniquement d’inspiration humaniste, de gros avantages économiques étant, aussi et surtout, en jeu.

En effet, cette réforme historique pourrait non seulement voir émerger des millions de nouvelles automobilistes, mais aussi avoir un impact significatif sur l'économie saoudienne, sérieusement affectée depuis la mi-2014 par la chute des revenus pétroliers.   En Arabie saoudite, le chômage est très élevé parmi les femmes qui sont handicapées par le fait qu'elles sont totalement dépendantes de taxis ou de services de transport onéreux comme Careem et Uber, qui a reçu en juin 2016 un investissement saoudien spectaculaire de 3,5 milliards de dollars.

Outre un bond vraisemblable des ventes de véhicules, la mesure devrait faciliter la recherche et l'obtention d'emplois pour les femmes, a estimé l'institut de recherche Capital Economics. Théoriquement, la réforme devrait affecter négativement les affaires d’Uber dont les femmes représentent 80% de la clientèle. Mais la réalité semble être toute autre.

Pour sa part, Careem envisage de recruter 100.000 femmes pour s'emparer d'un nouveau segment de marché dans ce pays où la mixité est interdite et où de nombreuses femmes sont réticentes à...

être conduites par des hommes.

Par ailleurs, « permettre aux femmes de conduire va retirer une barrière significative dans leur capacité à travailler et aussi ôter à de nombreuses familles le fardeau onéreux qui consiste à recruter un chauffeur ou à mettre à disposition un homme de la famille pour les transporter », a estimé Graham Griffiths, analyste chez Control Risks. Plus clairement, si les femmes conduisent, cela libérerait alors par effet mécanique leurs maris, frères et fils, qui travailleraient ainsi bien plus, et créeraient plus de richesses, surtout que dans les ménages aisés, le recrutement d’un chauffeur privé revient à 950 dollars par mois. Cela n’impactera pas le taux d’emploi des Saoudiens car la majorité de ces chauffeurs privés sont des étrangers asiatiques, qui n’auront plus qu’à repartir chez eux. Ce qui est aussi un élément de la stratégie de développement du pays, mise en œuvre par le prince héritier Mohamed Ben Salmane.

Enfin, la mesure encouragera, voire dopera, le secteur de l’assurance automobile et du crédit automobile, avec les dizaines de milliers d’achats de voitures pour les femmes.

L’ensemble de ces avantages et l’impact général n’a pas encore été mesuré avec précision, mais certains experts saoudiens parlent déjà de 2 à 3 points de gain pour le PIB, ce qui fait, quand même, quelque 20 milliards de dollars par an…

AB

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