Comment Antonio Guterres, et l’ONU, voient désormais l’affaire du Sahara
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- 27 septembre 2017 --
- Maroc
L’affaire du Sahara connaît d’importants rebondissements depuis 18 mois maintenant, allant dans le sens du Maroc. Et vendredi dernier 22 septembre, le secrétaire général de l’ONU recevait le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita (et son homologue algérien, séparément), et les choses se sont confirmées. Le dossier connaîtra encore d’autres avancées…
Ainsi, après plusieurs années de gestion du conflit par le Sud-coréen Ban Ki-moon et l’Américain Christopher Ross, respectivement ancien secrétaire général de l’ONU et ancien envoyé personnel du premier, le Maroc a fini par perdre patience. Il a alors adopté les recommandations d’un ancien haut-fonctionnaire de l’ONU, marocain, voulant que si Rabat souhaite se faire entendre à New York, il lui fallait désormais se montrer agressif et combatif.
Aussi, avec la visite de Ban Ki-moon a Bir Lahlou et la qualification du Maroc de « puissance occupante », le Maroc a remis les pendules à l’heure et montré qu’il avait, lui aussi, des lignes rouges à ne pas franchir.
Dans l’intervalle, tout a changé : Obama est parti et Trump est arrivé, Ban Ki-moon est rentré chez lui et Guterres l’a remplacé, Mohamed Abdelaziz est mort et Brahim Ghali est apparu… Et Christopher Ross a pris sa retraite, cédant son fauteuil à Horst Köhler. A l’ONU, ce sont donc deux Européens qui auront en charge le dossier du Sahara, deux Européens qui connaissent bien l’Afrique et en particulier l’Afrique du Nord.
Déjà, en avril dernier, la Résolution 2351 du Conseil de Sécurité de l’ONU avait montré la voie. On y parle d’un autre esprit dans la gestion de ce conflit. Dans le langage de l’ONU, il faut lire par « changement d’esprit », celui des arguments dépassés sur « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », ou encore « le droit à l’autodétermination ».
Il faut dire que le Maroc a su agir sur plusieurs fronts, celui du terrorisme et de la sécurité, celui des migrations, du développement durable et son entrée résolue dans l’Union africaine. Il faut dire aussi qu’Antonio Guterres, de par ses anciennes fonctions de Haut-commissaire de l’ONU aux Réfugiés, connaît bien la situation dans les camps de Tindouf : effectifs, nature des habitants...
des camps, détournements d’aides humanitaires, violences et misère…
Lors de sa rencontre avec Nasser Bourita à New York, le 22 de ce mois et selon une source très élevée au ministère marocain des affaires étrangères, plusieurs points ont été soulevés, dont deux en particulier, la sécurité antiterroriste et la question du Sahara… deux points liés entre eux, que Guterres considère ainsi.
Ainsi, quand le secrétaire général de l’ONU dit au chef de la diplomatie marocaine qu’ « il faut insuffler un nouvel esprit aux négociations et trouver une nouvelle voie de discussion », il signifie qu’il veut rompre avec la logique passée de l’ère Ross, qui a conduit l’ensemble de la question dans une impasse. Guterres sait que pour le Maroc, le Sahara est une affaire existentielle et bénéficiant d’une adhésion populaire unanime, et il sait aussi que pour l’Algérie, il s’agit d’une question politique, voire politicienne.
Selon notre source toujours, « lorsqu’Antonio Guterres dit qu’il faut accélérer la résolution de la question du Sahara, il indique par là que tous doivent s’impliquer , Algérie aussi, Algérie surtout, et que ce pays cesse de répéter en boucle l’argument de l’autodétermination des peuples ». Notre diplomate conclut qu’à ses yeux, le secrétaire général des Nations Unies laisse entendre que dorénavant, les mêmes arguments algériens appelleront les mêmes réponses onusiennes, à savoir accélérer la mise en œuvre d’une solution sur des bases nouvelles.
Le monde ne veut plus de zones de tension aux frontières européennes, dans une région infestée par les groupes terroristes, qui peuvent tirer profit de l’instabilité de la région pour s’infiltrer en Europe. Le Maroc, pour sa part, s’est sécurisé, a répondu présent aux questions migratoires et agit dans le sens de son développement et de celui de son continent ; sa voix porte donc plus au sein de la communauté internationale, qui a vu l’arrivée de deux personnages nouveaux qui ne croient qu’en la realpolitik, en l’occurrence Donald Trump et Emmanuel Macron. Quant à l’Espagne, qui a toujours œuvré à maintenir une sorte d’équilibre entre Alger et Rabat, elle verra désormais les choses différemment, maintenant qu’elle est elle-même confrontée à la question séparatiste catalane…
Aziz Boucetta
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