Les femmes saoudiennes sont (enfin) autorisées à conduire les voitures
L'Arabie Saoudite va autoriser les femmes à conduire. La décision, annoncée mardi soir sur la télévision publique, a été prise par décret du roi Salmane. Si elle ne devait pas prendre effet immédiatement, elle devrait toutefois faire date car il s’agit d’une décision révolutionnaire, si on puis dire pour une monarchie...
Selon l'agence de presse SPA, le décret ne sera effectif qu'à partir de juin 2018. L'Arabie Saoudite était le dernier pays au monde à interdire aux femmes de prendre le volant. Selon le prince Khaled ben Salman, ambassadeur aux Etats-Unis, qui s'est adressé à la presse à Washington, les Saoudiennes n'auront pas besoin d'obtenir l'accord de leur tuteur légal pour passer leur permis et la présence de ce dernier ne sera pas nécessaire lorsqu'elles seront au volant.
En 1990, 2011 et 2013, des campagnes pour le droit des Saoudiennes à conduire avait déjà agité le royaume. Leur mouvement avait trouvé un écho inédit avec l'avènement des réseaux sociaux. Ces dernières années, plusieurs de ces militantes avaient diffusé sur Facebook ou Twitter des vidéos d'elles-mêmes en train de conduire, et encourageaient d'autres femmes à en faire autant, en publiant leurs photos sur les réseaux. Celles qui ont bravé l'interdiction ont été systématiquement arrêtées. Si les autorités ne les ont pas poursuivies, elles ont toujours exigé qu'elles signent des documents garantissant qu'elles ne récidiveraient pas.
Mais il y a des raisons économiques derrière cette décision qui a été effectivement prise par le nouvel homme fort du...
royaume wahhabite, le prince héritier Mohamed Ben Salmane, fils de son père le roi. En effet, en décembre 2016, le prince (et multimilliardaire) saoudien al-Walid ben Talal avait déjà lancé un appel pour que les femmes obtiennent enfin le droit de conduire, mettant en avant le coût économique de cette interdiction. Il avait expliqué à l'époque que chaque famille saoudienne consacrait ainsi 950 euros par mois pour louer les services d'un chauffeur privé ou de taxis pour permettre aux femmes de se déplacer.
Si un mari trouve le temps de conduire son épouse, cela suppose qu'il s'absente de son travail, réduisant sa productivité, avait regretté al-Walid ben Talal. Autoriser les femmes à conduire est désormais « une demande sociale urgente que la conjoncture économique justifie », avait-il souligné, en référence aux difficultés budgétaires que connaît son pays.
Avant d'abolir l'interdiction de conduire, le souverain saoudien a pesé les « inconvénients de l'interdiction et ses avantages », précise le décret. Selon lui, « la majorité des grands oulémas (les docteurs de la foi) était en faveur d'une mesure permettant aux femmes de conduire ».
Les tentatives d'alléger les restrictions sociales, qui jusque-là n'ont pas été traduites en davantage de droits civils et politiques, visent à repousser les critiques à propos d'une récente campagne de répression, estiment des analystes. Les autorités ont arrêté ce mois-ci une vingtaine de personnes, dont des prédicateurs influents et des intellectuels, dans le cadre d'une «campagne coordonnée», selon des militants.
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