Abdelhaq Khiam répond (indirectement) à Jeune Afrique, et l’ONU reconnaît le rôle du Maroc dans l’antiterrorisme

Abdelhaq Khiam répond (indirectement) à Jeune Afrique, et l’ONU reconnaît le rôle du Maroc dans l’antiterrorisme

Voici quelques semaines, le magazine Jeune Afrique avait publié une couverture que les Marocains n’avaient pas trouvée à leur goût… « Born in Morocco », proclamait cette Une, en référence aux Marocains responsables de la tuerie de Barcelone les 17 et 18 août derniers (16 morts et une centaine de blessés). Le patron du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) Abdelhaq Khiam répond, apportant la répolique aux responsables onusiens de la lutte antiterroriste.

Le timing est bon car la sortie médiatique de Khiam,  adressée à l’agence Assosiated Press, intervient simultanément à la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU, et en marge de la réunion conjointe de l'Equipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) de l'ONU et du Centre des Nations Unies pour la lutte anti-terroriste (UNCCT).

Que dit le chef du BCIJ ? Que « les Marocains qui se radicalisent de l’autre côté de la Méditerranée ont émigré dans ces pays occidentaux, y compris l’Espagne, et se sont radicalisés dans ces pays. Nous n’avons pas les moyens de les surveiller. Ce sont les services de ces pays qui doivent nous prévenir s’il y a des personnes qui se sont radicalisées dans leur pays », ajoutant que « le gouvernement marocain doit adopter une autre méthode pour contrôler le retour de ces jeunes et les voir. Essayer de rassembler des renseignements sur eux. J’ai eu peur quand j’ai vu ce qui s’est passé à Barcelone. Ce sont tous des jeunes originaires du Maroc. Leurs parents sont Marocains, mais eux n’ont rien à voir avec le Maroc, si ce n’est les origines et les familles ».

« Born in Morocco » certes mais « radicalized in Europe », pourrait-on ajouter. Les services de renseignement marocains sont à la manœuvre autant qu’ils peuvent, mais que peuvent-ils faire contre des gens qui ont grandi en Europe, dans les pays d’accueil, y développant leurs idées fondamentalistes, leur violence et leurs réseaux ?

Voici deux ans, après le carnage de Paris (130 morts et plus de 300 blessés), le Maroc avait donné des informations aux Français et c’est grâce...

à l’aide décisive de la DST marocaine que son homologue française avait pu neutraliser Abdelhamid Abaaoud. Selon une grande enquête de l’agence Reuters parue en février 2016, les Marocains avaient pu tracer Abaaoud en suivant sa cousine Hasna Aït Boulahcen qui les avaient menés vers celui qui était alors l’homme le plus recherché d’Europe (avec les résultats qu’on sait…).

Les services d’Abdellatif Hammouchi et d’Abdelhaq Khiam avaient donc fait leur travail sur leur territoire, mais ils ne peuvent déployer leur toile en Europe, ou ailleurs. D’où les avertissements de Khiam qui appelle les Européens à lui fournir des renseignements sur les jeunes Marocains radicalisés chez eux… Un appel en forme de remontrance masquée…

Concernant les djihadistes marocains en activité dans les zones de combat de l’organisation terroriste dite « Etat islamique » en Mésopotamie, Khiam explique dans un autre entretien qu’ils sont « entre 217 et 230 combattants (à être) revenus au pays, avant même les récentes défaites de Daech. Et depuis peu, 81 autres sont également rentrés (…).Tous ces individus qui rentrent des zones de tensions, et nous avons les moyens de les identifier, sont  systématiquement arrêtés aux frontières, interrogés et présentés au parquet général qui les poursuit ».

Par ailleurs, l’efficacité du Maroc en matière de lutte antiterroriste est reconnue sur le plan international, ainsi que l’a affirmé mercredi 20 septembre Jehangir Khan, Directeur de l'Equipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) de l'ONU et du Centre des Nations Unies pour la lutte anti-terroriste (UNCCT) : « Le Maroc joue un rôle extrêmement important dans la lutte mondiale contre le terrorisme. Nous croyons, au niveau des Nations Unies, que le rôle que joue le Maroc, aux côtés des autres Etats membres, est fondamental pour renforcer la coopération mutuelle afin de faire face à la menace croissante que représente le terrorisme pour tous les pays », a déclaré Jehangir Khan en présence du ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et de Yassine Mansouri, patron de la DGED, le service de renseignements extérieur du Maroc.

Aziz Boucetta                          

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