La police nationale ouvre ses portes et déploie son charme

La police nationale ouvre ses portes et déploie son charme

La Direction générale de la Sûreté nationale, ou DGSN, organise du 14 au 16 décembre ses Journées portes ouvertes à la foire de Casablanca. C’est inédit de la part d’un corps qui est connu plutôt pour enfermer les gens derrière ses portes… Il était donc temps de montrer que cela n’est qu’une infime partie de la mission de la police, qui a tenu à montrer, à tout montrer, ou presque, au public.

C’est la marque de fabrique d’Abdellatif Hammouchi, diriger un service public dans la fermeté, l’efficacité et la transparence. Et pour une fois que l’on voit notre police sous un autre jour, convaincant, pas la peine de bouder notre plaisir.

Les Portes ouvertes sont vraiment ouvertes, en ces sens que les différents services de la police ont étalé leur matériel, tout sourire, avec des officiers souriants, voire goguenards et moqueurs, qui taquinaient les visiteurs leur demandant des informations sur le matériel. Ainsi par exemple, de ce commissaire, en grand uniforme, chargé de la présentation des radars de contrôle de la vitesse, submergé par une foule très intéressée, à laquelle il exposait volontiers les capacités techniques des fameux radars…

Et tout y passe, les arrondissements de police, avec les officiers (hommes et femmes), à leur bureau, pour recevoir fictivement plaintes et demandes de documents, les spécialistes de l’intervention, avec leurs matériels de déminage, leurs outils électroniques et les mannequins grandeur nature montrant les « robocop » à l’œuvre.

Voilà l’objectif de la DGSN, comme nous l’explique cet officier : « Notre but est que ces enfants que vous voyez jouer là-bas grandissent avec l’idée que la police est à leur service, nuit et jour, et il est important aussi qu’ils comprennent que le temps où on avait peur de la police est bel et bien révolu ». Un basculement des sévices aux services, en quelque sorte… Oh, il reste bien des bavures et  coups ici et là, à travers le territoire national mais entre la volonté, que l’on peut croire réelle, de Hammouchi d’humaniser « sa » police et la création imminente du Mécanisme national de prévention de la torture (sous le contrôle de l’ONU) on peut donner crédit à cette...

évolution de la DGSN.

Il est quand même assez amusant de voir ces enfants jouer et danser avec un clown à quelques mètres de véhicules d’intervention blancs ou noirs,  barrés des couleurs nationales… l’image ci-contre  est parlante.

Et puis, les officiels… Devant une troupe sévèrement alignée, constituée des hommes du BCIJ (Bureau central des investigations judiciaires), encagoulés et lourdement armés, des agents des Groupes d’intervention, aux corps d’athlètes, et de plusieurs autres corps, les officiels étaient là, se succédant au pupitre pour clamer leur nouveau credo, mais on a constaté l’absence du gouvernement. De Laftit, point, et même pas son secrétaire d’Etat Noureddine Boutayeb. Abdellatif Hammouchi n’était pas là non plus, mais il se trouve en mission en Allemagne.

Ainsi, et après tout ce qui a été écrit et rapporté sur les interventions de la police ces derniers mois, à al Hoceima et ailleurs, il était utile pour la DGSN d’organiser ces Journées Portes ouvertes, afin de bien montrer ce qu’est devenu ce corps, de tous temps vilipendé pour sa violence et sa brutalité. Aujourd’hui, les grands officiers sont tous âgés entre 30 et 50 ans, bien formés et conscients de leur rôle. L’un d’eux nous explique que « jeune, ma mère me demandait de fermer les volets au passage d’un simple agent… aujourd’hui, voyez comment nous sommes devenus ». Si même lui le dit…

Alors, ne boudons pas notre plaisir, surtout que la plupart des cas et dans la plupart des commissariats, il y a bien plus de chances de rencontrer des officiers instruits et consciencieux que des vieux roublards préférant la matraque au clavier, faisant passer la gifle avant le droit.

Il y a encore certes du travail à faire car rien n’est parfait en ce bas-monde, les fuites du CNDH pour les arrestations à al Hoceima en faisant foi. Mais les choses ne se font pas en un jour ; accordons alors  à Abdellatif Hammouchi et à ses équipes le bénéfice de la bonne foi et constatons les évolutions juridiques et techniques de cette police qui se veut, et qui est de plus en plus, au service des populations.

Aziz Boucetta

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