Saadeddine Elotmani raconte le jour où il a été nommé chef du gouvernement

Saadeddine Elotmani raconte le jour où il a été nommé chef du gouvernement

Ce samedi 9 septembre, c’est un chef du gouvernement détendu et ouvert à toutes les questions qui accueille un groupe de journalistes, à leur demande. Une question lui a été posée sur le film des événements de ce fameux 17 mars, jour de sa désignation comme chef du gouvernement.

« Depuis l’avant-veille, le 15 mars, quand Ssi Benkirane a été déchargé de ses fonctions, il y avait une attente au sein du parti parce que le communiqué du cabinet royal précisait que Sa Majesté le Roi allait choisir une autre personnalité du PJD pour remplacer le chef du gouvernement sortant », commence le médecin à la tête du gouvernement.

Et ce jour du 17 mars, poursuit le Dr Elotmani, « j’étais dans mon cabinet, vers midi, et trois patients attendaient encore. Puis le téléphone a sonné… ». Il lui a été demandé de se présenter au palais royal de Casablanca à 13h30. « J’ai donc accéléré les trois consultations, et après, il fallait trouver le chauffeur, aller chez moi pour me changer…  J’ai alors immédiatement appelé Ssi Benkirane qui m’a dit ‘alors qu’est-ce que tu attends, vas-y’ ».

« J’arrive au palais royal à l’heure dite et après un très court moment d’attente, j’ai été reçu par Sa Majesté le Roi, qui m’a parlé avec une grande douceur et gentillesse. Il m’a dit qu’il voulait continuer de travailler avec le PJD et m’a prié de passer ses salutations à l’ensemble des membres du parti, ce que je fis ».

Combien a duré cette audience royale ? « 20 à 25 minutes ». Et...

le roi a-t-il fixé un délai pour la formation du gouvernement ? « Le Maroc n’avait pas de gouvernement, hors celui de gestion des affaires courantes, depuis 5 mois ; il fallait donc faire vite, et a Majesté le Roi m’a demandé de lui présenter une liste de ministres dans les 15 jours, en précisant toutefois qu’il n’était pas à quelques jours près ».

En quittant le palais, le nouveau chef du gouvernement désigné s’est immédiatement rendu chez son oncle, octogénaire et souffrant, et chemin faisant, il a appelé Abdelilah Benkirane qui l’a félicité et lui a souhaité le plein succès dans sa mission.

« Et puis, j’ai pris la route pour Rabat. Vous savez, en une heure de trajet, vous appelez beaucoup de monde. Mais je me souviens de l’entretien que j’ai eu avec ma mère, qui était heureuse et a prié pour moi ».

Une fois à Rabat, Saadeddine Elotmani est parti directement rendre visite à Abdelilah Benkirane, et il y avait là les membres importants du parti. Tout ce monde s’est mis d’accord sur ce qu’il fallait dire au Conseil national extraordinaire.

Le samedi 18 mars, la moitié des quelques 250 membres du Conseil national se sont exprimés, d’où la durée exceptionnellement longue du CN. Pour Mustapha el Khalfi, présent à la rencontre avec le chef du gouvernement, « les gens avaient besoin de parler, d’extérioriser ce qu’ils ressentaient. Ils l’ont fait, mais tout c’est bien passé ».

Pas tant que cela. On voit encore aujourd’hui les interminables répliques des secousses des 15 et 17 mars.

Aziz Boucetta

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