En Birmanie, après 400 morts, Aung San Suu Kyi sort de son silence et dénonce la « désinformation »

En Birmanie, après 400 morts, Aung San Suu Kyi sort de son silence et dénonce la « désinformation »

La cheffe du gouvernement birman Aung San Suu Kyi est enfin sortie de son silence après les persécutions de la communauté Roginhya dans son pays. « Ce genre de fausse information est seulement la partie émergée d’un énorme iceberg de désinformation créé pour générer des problèmes entre les différentes communautés et promouvoir les intérêts des terroristes », a-t-elle déclaré lors d’un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Mardi, des dirigeants de pays à majorité musulmane, dont le Bangladesh, l’Indonésie, la Turquie et le Pakistan, avaient exhorté Mme Suu Kyi, prix Nobel de la Paix en 1991, à mettre fin aux violences contre les Rohingya en Birmanie. Mais dans un pays fermé aux médias étrangers, il est difficile de savoir exactement ce qu’il se passe. Journalistes et organismes internationaux recueillent donc les témoignages de rescapés et réfugiés.

Les déclarations  recueillies auprès de ces réfugiés à leur arrivée au Bangladesh, pointent la responsabilité de soldats et policiers birmans dans ces attaques contre les Rohingyas et leurs maisons. Les fugitifs racontent des scènes d'une violence inouïe. Plusieurs massacres auraient été perpétrés, selon plusieurs ONG. 

Dans le bourg de Chut Pyin,  peuplé de1.400 habitants, quelque 200 Rohingyas auraient été tués par des soldats et des habitants armés des villages voisins, le 27 août, selon l'ONG Fortify Rights basée en Thaïlande. Les survivants évoquent des victimes décapitées, y compris des enfants. « Les soldats ont arrêté un groupe d'hommes rohingyas, les ont réunis dans une hutte en bambou et y ont mis le feu », ont raconté plusieurs rescapés.

Tous les moyens sont bons pour mener ce que les ONG qualifient de...

nettoyage ethnique de grande ampleur. Les Rohingyas sont également menacés par la faim: les autorités ont fermé l'accès aux agences de l'ONU et à une quinzaine d'ONG qui les approvisionnent en nourriture et en médicaments, dans le nord de l'Etat de Rakhine, révélait le Guardian.

De leur côté, les Rohingyas ont mis en place un groupe armé supposé les défendre, mais que peuvent ces gens contre une armée bien équipée et surtout, très déterminée et dopée par les moines boudhistes ? En onze jours, près de 125.000 personnes, pour la plupart des musulmans rohingyas, ont fui les violences en Birmanie pour se réfugier au Bangladesh voisin, selon les derniers chiffres de l'ONU. Les combats entre rebelles musulmans et forces birmanes ont fait depuis le 25 août au moins 400 morts, quasiment tous des musulmans.

Et tout cela, selon la cheffe du gouvernement, serait de l’intox !

Voilà pourquoi sur Internet, une pétition réclamant de retirer la prestigieuse récompense attribuée à la leader birmane a déjà reçu 350.000 signatures. En effet, quelle valeur le prix Nobel de la Paix a-t-il lorsque l'un de ses lauréats s'abstient de condamner publiquement une atteinte aux droits de l'homme ? La récompense prestigieuse, vieille de 116 ans, oblige-t-elle son lauréat ? A contrario, n'est-elle pas dévaluée par le silence d'une de ses icônes ?

Dans un édito publié dans le prestigieux quotidien britanniqueThe Guardian, le journaliste et universitaire George Monbiot a affirmé être l'un des signataires. « Je crois que le Comité Nobel devrait pouvoir déchoir les lauréats de leur récompense si ces derniers trahissent les principes pour lesquels ils ont été célébrés », écrit-il.

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