La différence entre un pays civilisé où la loi règne et un pays approximatif dans lequel le chaos prévaut n’est pas que les forces de l’ordre frappent ou pas, fort ou pas, mais que chacun rende des comptes pour ses actes, légalement et équitablement. Il ne s’agit pas de brocarder l’Etat et de l’accuser de tous les maux parce que nous avons vu des images ravageuses de violence, mais il faut attendre sa réponse à cette charge policière du lundi 26 juillet, en plein aïd al-fitr, qui est devenue une affaire d’opinion publique.

Les réseaux sociaux se sont enflammés lundi 26 juin, et de la réaction de l’Etat dépendra sa réputation ici et ailleurs. Cautionner ou pas le fait de frapper à la matraque, à la tête, un homme à terre, couvrir ou pas le coup de pied assené au derrière d’une femme qui passait sans présenter aucun danger, ordonner une charge contre des manifestants pacifiques (sauf preuve du contraire), en aucun cas des casseurs… Le ministère de l’Intérieur devra réagir, de la manière qui lui plaira, et le public jugera, de la façon qui lui conviendra. Et c’est lui qui, comme partout, comme toujours, aura le dernier mot.

Maintenant, il...

est vrai que, au lendemain de la première réaction du Roi, en un jour symbolique de fête religieuse, frapper ou même user de force au risque des dérapages que l’on a vu n’était pas la décision la plus judicieuse qui soit. Que les gens d’al Hoceima aient organisé leur marche le jour de l’aïd était prévu, et rien ne les empêche moralement de réclamer la libération de(s) détenus.

Charger n’était donc pas une bonne décision. Les forces de l’ordre auraient dû, auraient pu continuer de montrer le professionnalisme et la retenue dont ils ont fait preuve jusque-là.       

Il est tout de même curieux comme ces choses en rappellent d’autres… en aout 2013, lors de l’affaire Galvan, et quelques heure après que le Roi eut pris ses décisions pour revenir sur la grâce du pédophile espagnol, la police avait là encore violemment chargé une manifestation organisée devant le parlement.

Dans l’attente d’une enquête sur les faits d’al Hoceima en ce jour de fête, ou au moins d’une réaction du ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, par exemple, on peut se demander s’il existe une logique dans ces comportements illogiques. Mais on peut d’ores et déjà dire que le Maroc mérite mille fois mieux.

Aziz Boucetta