La police répond à Mustapha Ramid

La police répond à Mustapha Ramid

De communiqué alambiqué à contre-communiqué encore plus allusif, la bataille se poursuit entre la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN)  et le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme Mustapha Ramid. Et ainsi, suite au statut Facebook de ce dernier, suggérant avec une certaine précision la collusion de la justice et de la police pour interrompre le congrès de l’UGTM, canal Chabat, la DGSN a réagi.

En bref rappel des faits, le syndicat de l’Istiqlal, qui connaît moult remous en ce moment, a organisé dimanche 21 mai un  « contre-congrès » à celui déjà tenu par le courant Hamdi Ould Rachid quelques semaines avant, et qui avait porté Enaam Miyara à sa tête.  Et en plein milieu des travaux, les forces de l’ordre ont intervenues, sur ordre du parquet.

Puis, Mustapha Ramid a publié un long statut sur sa page Facebook pour exprimer ses doutes sur la décision des juges de Salé ayant décidé en référé d’interdire  ce second congrès. Et il s’est montré encore plus sceptique sur la légalité de l’intervention de la police pendant le congrès de Chabat (qui a été élu, quand même, secrétaire général de l’UGTM, lequel se trouve désormais avec deux chefs).

Ce jeudi 25 mai, la DGSN a publié le communiqué suivant :

« La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN)  affirme avoir traité l'interdiction d'une activité syndicale à Rabat, sur une base strictement juridique et sous un angle purement judiciaire, en sa qualité d'organe chargé de l'application de la loi, loin de toute motivation politique ou syndicale et sans considération aucune de la nature de cette activité ou de la qualité des parties en lien avec cette affaire.

La DGSN précise que l'intervention...

des éléments de la force publique pour suspendre la tenue de cette activité intervient en exécution d’instructions écrites du Parquet du tribunal de première instance de Rabat, ordonnant la prise des mesures nécessaires conformément à la loi pour garantir l'exécution de l'ordre émis par le procureur du Roi à Salé stipulant d'accorder le "soutien nécessaire au huissier de justice pour l’exécution de la décision en référé y afférente".

Dans le souci d'appliquer les instructions du Parquet à ce sujet et en exécution des décisions du pouvoir judiciaire, d'autant que le prononcé du verdict rendu en référé a ordonné la suspension de l'activité syndicale en question jusqu'à l'examen du fond du dossier, la préfecture de police de Rabat a mobilisé les éléments de la force publique pour assister l'huissier de justice et garantir l'exécution dudit verdict ».

On retient deux points de ce communiqué :

1/ La police est intervenue sur ordre express et écrit du parquet, contrairement à ce que laisse entendre Ramid qui fustige l’empressement douteux à ses yeux de la DGSN à faire respecter une décision de justice ;

2/ Le jugement a décidé, non pas d’interdire la tenue du congrès, comme le dit Ramid, mais de la suspendre, en attendant le jugement sur le fond. Ceci est une réponse, encore, au ministre qui met en doute la légalité de ce jugement puisque les juges, à l’en croire, n’ont pas entendu le défendeur  (Chabat) et se sont contentés de la version du plaignant (Miyara) pour se précipiter et ordonner l’interdiction.

Doit-on attendre un autre statut de Ramid, qui semble disposer en ce moment de tout son temps ? Les heures, ou les jours, qui viennent apporteront leur réponse.

Aziz Boucetta

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