Jaâfar Heikel : « La conjoncture politique au Maroc ouvre la voie à un mouvement comme celui d’En Marche »

Jaâfar Heikel : « La conjoncture politique au Maroc ouvre la voie à un mouvement comme celui d’En Marche »

Jaâfar Heikel n’est pas seulement un médecin multi-diplômé mais aussi une personnalité de la scène politique marocaine. Dans la deuxième partie de l’interview accordée à PanoraPost, Heikel se montre ambitieux et confiant quant à la création d’un mouvement politique démocrate libéral pour les cinq prochaines années..

Tout d’abord, comment percevez-vous la victoire d’Emmanuel Macron ?

Je suis heureux pour la France. Je pense qu’Emmanuel Macron est un homme particulièrement chanceux en cela que les conditions politiques françaises l’ont prodigieusement poussé dans la course à l’Elysée. En France, la gauche s’est suicidée et la droite est défaite, décomposée.

Etes-vous fan de lui et de sa personnalité ?

La personnalité de Macron n’a rien d’exceptionnel mais c’est la conjoncture politique qui l’a rendue exceptionnel à mon avis. Par ailleurs, je peux dire que la conjoncture politique marocaine laisse la trace pour un parti national équivalent à celui d’« En Marche ».

Manque de crédibilité...

La crédibilité de la classe politique au Maroc n’existe plus. Le PJD avait une certaine crédibilité au début mais elle a décliné par la suite. Cela est devenu très clair avec les résultats d’élections du 7 octobre 2016. L’USFP, le RNI et bien d’autres partis n’ont pas pu remporter un nombre élevé de voix parce que les électeurs ont perdu confiance en eux.

Ainsi, il est utile que les jeunes participent au chantier politique pour apporter des alternatives. Il est temps de réfléchir à la création d’un autre mouvement politique qui apporterait des changements sociaux, tant pour les jeunes que pour les femmes.

Ce qui affaiblit également la crédibilité des partis politiques, c’est cette question fondamentale des cotisations. Comment pourrait-on imaginer un ministre qui souhaite apporter du changement alors qu’il ne cotise même pas au parti auquel il appartient ? Je suis certain qu’il y en plusieurs dans ce cas….

En revanche, le PJD est le seul parti politique où tout le monde est à jour de ses cotisations, sans lesquelles il ne saurait y avoir d’appartenance.

Actuellement, la seule personne qui travaille le plus sur le terrain est le roi Mohammed VI et heureusement que c’est...

ainsi. La contribution des partis politiques est presque inexistante. En tant que citoyen, je ne suis absolument pas satisfait de leur contribution et de leur action.

J’aurais souhaité en toute bonne foi qu’il y ait une évaluation des actions politiques du gouvernement sortant, pas pour faire « la chasse aux sorcières », mais bien pour pointer du doigt les points de force et les domaines de faiblesse.

Les secteurs vitaux sont en échec

Jusqu’à présent, l’Etat ne peut dessiner une stratégie claire pour les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’emploi ou bien encore de l’agriculture. Il n’y a pas de programme structurel cohérent. La même chose s’est appliquée pour les gouvernements précédents.

Avez-vous l’intention de créer un mouvement politique marocain à l’image d’ « En Marche »

Non, l’appellation du mouvement sera différente mais surtout adaptée à l’évolution marocaine. On souhaite créer un nouveau modèle politique démocratique et libéral avec la collaboration de personnalités venant du RNI, de l’USFP, de l’Istiqlal ou bien encore de l’UC. Globalement, ce serait un mouvement libéral où la composante sociale tiendra une place prééminente.

Quelles seraient alors les objectifs de ce mouvement?

En premier lieu, les changements sociaux, à savoir l’éducation, la santé et les réformes sociales. Nous aurons l’ambition de créer un nouveau modèle politique qui attirerait le plus grand nombre possible d’adhérents.

Contrairement aux autres partis, nous ne tenterons pas de gagner les élections prochaines, en 2021. Je crois qu’il est bien important de se concentrer sur le recrutement et les adhésions, dans le sens de varier au plus les catégories des membres (jeunes, femmes, adultes…). L’objectif est de travailler sur les compétences techniques au sein de notre mouvement.

Une date prévue pour le lancement ?

Si tout va bien, on pourra lancer ce mouvement dès septembre 2017. Les statuts sont finalisés. En revanche, je préfère que chaque membre souhaitant participer puisse avoir suffisamment de temps pour assimiler les conditions d’intégration dans le parti et aussi pour prendre la mesure du travail à réaliser. Et je souligne l’importance des cotisations, car cette question sera la première condition de participation.

(Propos recueillis par Imane Jirrari)

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