Le Festival Gnaoua a 20 ans, et donc avec autant d’amour que peu d’argent

Le Festival Gnaoua a 20 ans, et donc avec autant d’amour que peu d’argent

Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde organise du 29 juin au 1er juillet sa 20ème édition et, comme le dit sa productrice et aussi fondatrice, Neila Tazi, « ce n’est pas tous les jours qu’on a 20 ans ». Exact.  Mais en 20 ans, le Festival Gnaoua Musiques du Monde est devenu le rendez-vous culturel et festif incontournable du Maroc, grâce à tous les partenaires qui lui font confiance, et en dépit de tant d’autres.

Lors d’un point de presse tenue ce mardi 2 mai à Casablanca, la très discrète Neila Tazi a présenté la programmation du festival pour cette année. Et comme à chaque édition, le Festival Gnaoua vise à promouvoir l’identité africaine du Maroc, ainsi que la défense des valeurs de liberté, d’égalité, et de diversité. Et du fait que les grandes musiques continentales américaines sont pour la plupart d’origine africaine, les fusions seront encore et toujours à l’honneur. Et pour le bonheur des centaines de milliers de spectateurs, de toutes les catégories sociales, de tous les âges et de tous les goûts musicaux, qui ont pris habitude de faire ce qui ressemble de plus en plus à un pèlerinage vers Essaouira.

Et ainsi donc, la ville accueillera l’icône du blues Lucky Peterson, le pianiste et grand jazzman Bill Laurance, le percussionniste brésilien Carlinhos Brown, de même que le légendaire Ismaël Lô. Mais les festivaliers et les Souiris vibreront aussi avec le bon Ray Lema,  s’envoleront avec l’envoûtante Hindi Zahra et trépigneront aux invectives du célèbre Amazigh Kateb du non moins célèbre Gnawa Diffusion.

Et tout cela se passera en résidence, en fusion, en communion et en harmonie avec les immenses maâlems gnaouis marocains, Saïd et Mohamed Kouyou, Hassan Boussou Mustapha Baqbou et, bien sûr,...

bien évidemment, Abdeslam Alikane, président de l’association Yerma Gnaoua.

En marge du festival, le Conseil national des droits de l’Homme organise pour la 6ème année consécutive le Forum éponyme, et cela aura lieu les matinées des 30 juin et 1er juillet. Cette année, le Forum abordera des problématiques plus que contemporaines en s’attachant à comprendre les liens entre le digital et la culture. Les débats seront  articulés autour de 4 axes : « Arts vivants, édition, cinéma, musique….ce que change le digital », puis « le digital au service de la diversité ? », et ensuite « l’émergence de nouvelles disciplines artistiques », et enfin, « quelles politiques publiques et quelles actions de l’ensemble des acteurs ».

Driss el Yazami, président du CNDH, était là aussi pour exprimer sa gratitude d’avoir été associé au Festival, un an après la mise en place du Conseil. El Yazami, qui vient de recevoir une véritable consécration de la part de l’ONU (résolution 2351), sera encore une fois le trait d’union entre Essaouira, le Festival et l’Afrique, la grande Afrique.

Question financière, il faut le dire, le Festival n’est pas soutenu comme il le faudrait, comme il le devrait, comme il le mériterait… comme on le voudrait. Il faut dire qu’en matière de culture, le gouvernement n’est pas forcément au point, avec 0,8% du budget général de l’Etat pour le ministère de la Culture… L’enveloppe globale du festival Gnaoua Musiques du Monde sera de 15 millions de DH avec, chuchote Mme Tazi, « un cachet maximum de 45.000 euros pour les artistes ». Moins, nettement moins qu’ailleurs.

Rendez-vous donc le 29 juin, après une semaine souirie qui sera inscrite sous le signe de la spiritualité (musiques spirituelles et soufies), une semaine qui sera aussi celle de l’aïd al-fitr.

Aziz Boucetta et Imane Jirrari 

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