Alpha Condé, ovationné à Meknès, délivre un discours résolument panafricain

Alpha Condé, ovationné à Meknès, délivre un discours résolument panafricain

Le président guinéen Alpha Condé était présent lors des Assises de l’Agriculture, qui se sont tenues ce lundi 17 avril à Meknès. Président en exercice de l’Union africaine, et allié inconditionnel du Maroc, Alpha Condé devait quitter le Maroc pour se rendre en Algérie, en vue d’essayer de rapprocher les points de vue entre Alger et Rabat. A Meknès, il a délivré un discours remarqué, un hymne à l’africanité.

Ami du Maroc en général et du roi Mohammed VI en particulier, le président guinéen a eu droit à une standing ovation des centaines de personnes présentes aux Assises. Il faut dire que les Marocains n’oublient pas le rôle crucial joué par Alpha Condé au Sommet de l’Union africaine du 30 janvier à Addis Abeba, lorsqu’il avait tancé le président sud-africain Jacob Zuma et décontenancé les Algériens en imposant le retour du Maroc à l’Union et en assurant l’entrée triomphale de Mohammed VI dans la salle plénière.

Ministres marocains et étrangers, chefs d’entreprises d’ici et d’ailleurs, agriculteurs de tous bords et de toutes tailles, journalistes, exposants et des policiers, beaucoup de policier, étaient là pour écouter le discours du Guinéen, qui a rappelé les enjeux agricoles en Afrique : « L’agriculture concentre près de 35% des emplois directs du continent, elle génère les revenus de près de 70% de la population, soit près de 600 millions de personnes et elle est la première activité économique de plus de 95% des pays africains ».

Le chef de l’Etat guinéen a également remercié le Maroc et le roi pour l’aide qui est procurée en matière de coopération agricole aux pays africains en général et à la Guinée en particulier, avec...

la fourniture de 100.000 tonnes d’engrais, avec un don de 20.000 tonnes.

Mais Alpha Condé n’a pas dit que cela. Laissant de côté son discours écrit, il a profité de son passage à Meknès pour délivrer plusieurs messages, comme le concept de l’universalité de la démocratie, mais aussi de sa déclinaison spécifique à chaque région, prenant l’exemple de l’Asie du Sud-est dont les pays s’ancrent dans une démocratie qui, bien que respectant le concept universel, s’exprime de manière particulière dans chaque pays : « L’Afrique n’a pas de leçons à recevoir des pays occidentaux en matière de démocratie, pas plus qu’elle n’a besoin qu’on lui dise ce qu’elle doit faire et comment agir », a martelé le président de l’Union africaine.

Alpha Condé a également rappelé que l’entrée du Maroc à l’Union africaine, après avoir été fondateur de l’Organisation de l’Unité africaine, sera de nature à renforcer l’instance panafricaine, de par son expérience et sa maîtrise dans plusieurs domaines de coopération.

Enfin, prenant l’exemple de la Chine, le président guinéen a expliqué que les Chinois se sont appuyés sur leur marché intérieur pour assurer leur développement, et qu’il appartenait à l’Afrique de faire pareil. « Les Chinois disposent dans leur pays d’une main d’œuvre bon marché, et il en va de même pour l’Afrique. Le développement du marché interafricain sera le levier du développement du continent », a expliqué doctement le Professeur Condé.

L’allocution du chef de l’Etat de Guinée lui a valu plusieurs standing-ovations, les Marocains étant désormais très sensibles à tout ce qui touche leur continent, convaincus qu’ils sont que le développement du royaume sera avec l’Afrique, ou ne sera pas. Ou alors très difficilement et laborieusement.

AB

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