Un Sommet arabe, au sommet de l’incertitude et de l’inefficacité, en Jordanie

Un Sommet arabe, au sommet de l’incertitude et de l’inefficacité, en Jordanie

Le 28ème Sommet de la Ligue arabe s’ouvre aujourd’hui en Jordanie, avec la présence de quelque 16 chefs d’Etat sur les 22 que compte la Ligue. Le roi Mohammed VI devait se rendre à ce Sommet, et son organisateur, le roi Abdallah de Jordanie, a même fait expressément le voyage au Maroc pour cela. Mais finalement, Rabat sera représenté par son chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar.

Au menu du Sommet… en entrées, les conflits au Yémen et en Libye, en plat principal, le conflit en Syrie accompagné de la lutte contre l’Etat islamique et en dessert l’insoluble conflit israélo-palestinien… Et au total, une indigestion certaine…

Que peuvent se dire les dirigeants arabes quand ils se rencontrent, surtout qu’ils se sont vus il y a moins de 9 mois à Nouakchott, sans que leurs pays ne semblent en avoir bénéficié en quelque façon que cela soit ? Pas grand-chose en fait, en dehors du fait de constater leurs divergences et différences sur à peu près tous les sujets qui les intéressent. La Libye n’existe pratiquement plus, la Syrie a été suspendue, l’Iran fait de l’entrisme politique et culturel dans la péninsule, sans que les chefs de ladite péninsule y puissent vraiment quelque chose, l’organisation terroriste dite « Etat Islamique » infeste la région et met en péril la stabilité de ses sociétés… Et les pays arabes producteurs de pétrole et/ou de gaz, dans leur totalité, font face à une crise financière sans précédent, avec l’effondrement des cours à l’international.

Quand, en février dernier, le roi Mohammed VI avait renoncé à l’organisation du 27ème Sommet, il en avait fait expliquer les motifs par son ministère des Affaires étrangères. En gros, discussions stériles, faux espoirs et mauvais messages adressés aux populations, clivages montant en puissance. La...

situation n’a pas changé, elle a même empiré avec l’arrivée de Donald Trump à la maison Blanche, un président très ancré aux côtés de la droite israélienne, et qui envisage sérieusement de transférer l’ambassade de son pays à al-Qods… Le roi du Maroc, donc, n’y sera pas. En revanche, le président palestinien Mahmoud Abbas doit participer au sommet arabe avant de se rendre à la Maison Blanche en avril pour son premier face-à-face avec M. Trump. Les présidents du Liban

Et le pré-constat d’échec est confirmé par Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les études politiques, qui a déclaré que « ce sommet ne sera pas différent des précédents. L'ordre (politique) dans le monde arabe est faible, divisé et souffre de dysfonctionnements depuis de longues années ».  Il a dit ne pas s'attendre à des décisions surprise lors de ce sommet, alors que les membres de la Ligue arabe, minée par les divisions, ne parviennent pas à régler les conflits qui agitent le Moyen-Orient, surtout depuis le Printemps arabe.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, lors d'une visite dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie, a estimé que les pays arabes devraient mettre leurs différends de côté pour faire face à la crise syrienne. « Quand les pays arabes sont divisés, cela permet à d'autres d'intervenir, de créer de l'instabilité, de favoriser les conflits et (la montée en puissance) des organisations terroristes », a-t-il dit.

Inutile, donc, d’essayer de chercher. Il n’en sortira quasiment rien de ce sommet. Comme toutes les autres fois passées, les leaders se contenteront uniquement d’afficher une union de façade et d’arroser l’opinion de professions de foi et de déclarations d’intention que, de toutes les manières, personne ne prendra même pas la peine de lire.

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