Qui est Saâdeddine El Otmani, le nouveau chef du gouvernement ?

Qui est Saâdeddine El Otmani, le nouveau chef du gouvernement ?

Le roi Mohammed VI a reçu en milieu de journée de ce vendredi 17 mars le Dr Saâdeddine El Otmani et l’a  chargé de former un gouvernement. Le nouveau chef du gouvernement désigné est aussi le président du Conseil national du PJD, et à ce titre le numéro 2. Il devrait s’atteler à la lourde tâche de convaincre les autres partis de le rejoindre dans la majorité puis au gouvernement.

Puisque le numéro 1 du PJD n’aura pas réussi dans sa mission, essayons avec le numéro 2 ; sans doute sera-t-il plus convaincant que son prédécesseur… Telle semble avoir été l’idée du roi Mohammed VI en appelant el Otmani, et en lui confiant sa nouvelle mission.

Le nouveau chef du gouvernement, désigné, est né en 1956 à Inezgane. Il est psychiatre de formation et de profession. Il est aussi réputé pour être un fin exégète de l’islam, en tant que licencié en droit musulman et titulaire d’un diplôme supérieur en études islamiques, obtenu à Rabat. Il est par ailleurs auteur d’une dizaine d’écrits sur l’islam politique et la pensée musulmane. Il apporte aujourd’hui les dernières touches à sa thèse sur « les actes politiques du Prophète Mohammed », une somme de 470 pages, et il vient de publier un recueil sur « la psychiatrie  moderne, évolution des concepts et des approches ».

Fondateur du Mouvement Unicité et Réforme avec ses compagnons Abdelilah Benkirane, feu Abdallah Baha, et Mohamed Yatim, Saâdeddine El Otmani fut secrétaire général adjoint du PJD du temps où le Dr Abdelkrim el Khatib en était le chef. En 2004, c’est tout naturellement qu’il prend la relève, au désespoir de Benkirane qui lui en a tenu grief, jusqu’à aujourd’hui, ne manquant aucune occasion de le railler. En 2008, l’ex-chef du gouvernement prend sa revanche et accède au secrétariat général, conttre el Otmani. En 2012, El Otmani est...

ministre des Affaires étrangères, fonction qu’il occupera durant 22 mois, avant de quitter le gouvernement.

Il est actuellement président du Conseil national du PJD, ayant refusé par la suite sa nomination pour l’élection à la tête du MUR, pour ne pas mélanger les deux fonctions et les deux organismes. Depuis deux mois, il est également président du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, où il a été élu à Mohammedia.

Contrairement donc à Abdelilah Benkirane , le Dr El Otmani arrive à la présidence du gouvernement avec une très solide formation universitaire et académique et une grande expérience des arcanes institutionnels du pays. En sa qualité d’ancien ministre des Affaires étrangères, il a pu également nouer de nombreuses relations à l’international. Et contrairement à un Benkirane faussement bonhomme, agressif, offensif, incisif et souvent maladroit, el Otmani est réputé, aux yeux de ceux qui le connaissent, pour avoir un caractère bien plus mesuré et une démarche bien plus pondérée et rationnelle. En plus d’être conciliante.

En le nommant, le roi Mohammed VI s’est maintenu dans la stricte logique institutionnelle, respectant encore une fois la hiérarchie du PJD. On peut dire que la désignation du numéro 2 du parti, suite à l’échec du numéro 1, participe également de la « méthodologie démocratique » chère aux socialistes, et au « respect de la volonté populaire », si âprement défendue par les fans de Benkirane.

Demain samedi, le Conseil national – dont el Otmani est toujours président – devra se réunir pour « examiner l’évolution de la situation politique et prendre la décision adéquate », dit le communiqué du secrétariat général du PJD. Quelle décision autre que l’approbation pourraient prendre les membres du Conseil national, puisque le président qu’ils ont eux-mêmes élu en 2012 est le nouveau chef du gouvernement ?

La page Benkirane est donc tournée, place à celle d’el Otmani.

Aziz Boucetta

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