François Fillon, le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle française, a été officiellement mis en examen ce mardi 14 mars. Il devra répondre des accusations pour détournement de fonds publics et recel d’abus de biens sociaux, notamment. Une situation inédite sous la 5^ème République. Mais le candidat reste inflexible : il ira jusqu’au bout, bien que les sondages le donnent perdant dès le premier tour. A quarante jours de ce tour.

C’est la première fois en effet que cela arrive en France, et peut-être même dans les vieilles démocraties… Un candidat à la présidence de la République mis en examen ! Cela étant, François Fillon bénéficie de la présomption d’innocence, principe fondamental de droit. Et il joue sur cela, ayant même annoncé voici 15 jours sa mise en examen prochaine, pour y préparer l’opinion publique française.

De quoi est-il accusé ? D’emplois fictifs d’assistante parlementaire de Mme Fillon, qui a perçu près d’un million d’euros en une dizaine d‘années. Il est aussi poursuivi pour les soupçons de népotisme en faveur de deux de ses enfants. Il est accusé également de recel d’abus de biens sociaux, sa femme, toujours, étant soupçonnée d’avoir perçu de l’argent sans contrepartie dans la « revue des deux mondes ».

Qu’a-t-il décidé ? « Eh bien moi, j'ai décidé de résister, je considère que ce calendrier exceptionnel, qui n'est pas celui d'un...

justiciable normal, me délivre de l'engagement que j'avais pris de ne pas être candidat en cas de mise en examen ».  Juridiquement, rien n'empêche un candidat mis en examen de concourir à l'élection présidentielle, bien que les chefs de son parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé en tête, aient fait part de leur consternation face à l’entêtement de Fillon.

Mais si François Fillon est élu Président, il bénéficiera de l'immunité constitutionnelle attachée à cette fonction : l'enquête judiciaire sera alors gelée pendant la durée de son mandat, comme cela a été le cas pour Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Mais ce ne sera pas le cas pour son épouse Penelope et leurs deux enfants, également visés par l'enquête.

Qu’en pense son électorat ? Dans le dernier sondage de cette élection présidentielle, Emmanuel Macron demeure à 1,5 point derrière Marine Le Pen. Selon le pointage "Rolling" effectué par Ifop / Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud Radio, c'est bien Marine Le Pen qui serait en tête au soir du premier tour de l'élection présidentielle, avec 26,5% des voix, devant l'ancien ministre de l'Economie, crédité de 25% des voix. François Fillon reste à 19% des intentions de vote, loin devant Benoît Hamon (14%), Jean-Luc Mélenchon (11,5%), Nicolas Dupont-Aignan (3%), Nathalie Arthuad (0,5%) et Philippe Poutou (0,5%).