Quand Erdogan s’énerve et qualifie les Néerlandais et les Allemands de nazis et de fascistes

Quand Erdogan s’énerve et qualifie les Néerlandais et les Allemands de nazis et de fascistes

Une crise diplomatique oppose violemment la Turquie et plusieurs pays européens autour des meetings organisés par le président turc Erdogan en faveur du "oui" au référendum visant à accroître ses pouvoirs. Les choses ont commencé aux Pays-Bas, suite au refus du gouvernement néerlandais de laisser venir de hauts responsables turcs mener campagne sur leur sol.

Tout commence le 3 mars, lorsque le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, reçoit la confirmation de la Turquie qu'un meeting du chef de la diplomatie turque, en vue du référendum, est en préparation aux Pays-Bas. La Haye s'y oppose et l'annule le 8 mars : « Nous sommes d'avis que l'espace public néerlandais n'est pas l'endroit où mener la campagne politique d'un autre pays ». Puis c’est au tour de l’Allemagne de refuser le droit aux ministres turcs de haranguer leurs compatriotes.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu devait se rendre samedi 11 mars à Rotterdam malgré le refus hollandais exprimé le 8, et argumenté par des considérations de sécurité.  Mais ce même samedi,  le ministre turc a décidé de maintenir son déplacement et a menacé les autorités néerlandaises de «lourdes sanctions» si elles l'empêchaient de venir. Las… les Pays-Bas ont refusé à l'avion de Mevlut Cavusoglu l'autorisation d'atterrir à Rotterdam et le gouvernement de Mark Rutte a estimé que la venue du chef de la diplomatie turque constituait une menace...

à l'ordre public.

Toujours sanguin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a alors insulté les Pays-Bas pour avoir empêché des ministres turcs d’assister à ces meetings, les traitant de «vestiges nazis, fascistes» ; quant à l’Allemagne, il l’a accusée d’avoir des « pratiques nazies ». Le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a été déclaré persona non grata aux Pays-Bas. La ministre de la Famille Fatma Betül Sayan Kaya a été refoulée samedi vers l’Allemagne alors qu’elle venait assister à un meeting.

Dans la soirée de samedi, la ministre Sayan Kaya allait au consulat de son pays à Rotterdam, mais la police a dû fermer la rue où se trouve la représentation turque, invoquant «des informations selon lesquelles de nombreuses personnes comptaient s'y rassembler». Arrivée en voiture, la ministre n'a pas pu entrer à l'intérieur du consulat. La police néerlandaise l'a escortée jusqu'à la frontière allemande.

La dérive autoritariste d’Erdogan, que cette réforme constitutionnelle devra habiller juridiquement et légalement, se confirme, et les insultes proférées à l’égard des Européens seront sans nul doute la goutte qui fera déborder le vase. A supposer même que les Néerlandais, en pleine campagne électorale où l’extrême-droite de Wilders est très bien placée, aient commis un impair diplomatique, cela  ne donne pas pour autant le droit au chef de l’Etat turc de les qualifier de nazis et de fascistes. Les choses ne s’arrêteront pas là…

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