Une phrase qui aura choqué les milieux judiciaires et au-delà, les cercles politiques, à Washington… « Le ministre de la Justice Jeff Sessions a demandé vendredi 10 mars à 46 procureurs nommés par le président (Obama) de présenter leur démission afin d'assurer d'une transition uniforme ». Il est habituel et naturel qu’un nouveau président s’attelle à nommer son administration et les responsables de la justice, mais pas à ce point, pas à cette vitesse, pas de cette manière.

En effet, lorsque les procureurs remettaient leur démission, on leur laissait le temps de poursuivre leurs enquêtes avant que leur remplaçant ne prenne leur poste. Ce ne sera pas le cas cette année. Une fois leurs démissions acceptées par le président, ils seront remplacés temporairement par des membres du ministère de la Justice avant que ne soient nommés leurs remplaçants.

Grand malaise donc… Le patron des Démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a ainsi exprimé son « trouble » sur Facebook face à ce limogeage groupé : « En demandant la démission immédiate de l'ensemble des procureurs en place, sans attendre que ceux-ci aient été remplacés effectivement, voire même que les noms de leurs futurs remplaçants...

soient connus, le président interrompt les enquêtes et les dossiers en cours, et il entrave le bon déroulement de la justice », a-t-il accusé.

On se souvient du camouflet infligé au président américain par un juge fédéral de l’Etat de Washington suite au décret migratoire controversé. Donald Trump règle ses comptes et tente de mettre la justice au pas ; c’est le sentiment général qui se dégage de la décision du milliardaire newyorkais devenu président à la surprise générale et mondiale.

Preet Bharara, le procureur de Manhattan qui est en charge de certaines des affaires parmi les plus complexes du pays, fait partie de cette liste des 46, alors même qu'il avait déjà rencontré le président Trump avant son entrée officielle en fonction et que celui-ci lui aurait alors demandé de rester à son poste.

Un peu plus tard dans la journée de vendredi, un autre porte-parole du département de la Justice, Peter Carr, a précisé que le président Trump avait néanmoins refusé la démission de deux de ces procureurs : son actuel ministre de la Justice adjoint, Dana Boente, et celui qu'il a déjà désigné pour reprendre ce fauteuil, Rod Rosenstein.