La présidente de Corée du Sud « congédiée » par la Cour constitutionnelle

La présidente de Corée du Sud « congédiée » par la Cour constitutionnelle

C’était attendu, mais c’est quand même spectaculaire… La Cour constitutionnelle sud-coréenne a entériné, vendredi 10 mars, la destitution de la présidente Park Geun-hye, suite à un retentissant scandale de corruption dans lequel plusieurs personnalités du pays sont impliquées.

Les agissements de Mme Park «ont porté gravement atteinte à l'esprit (...) de la démocratie et de l'Etat de droit», a déclaré le président de la Cour constitutionnelle, Lee Jung-Mi. « La présidente Park Geun-Hye (...) a été congédiée ». Park Geun-hye est la première dirigeante sud-coréenne démocratiquement élue à être ainsi écartée du pouvoir. Le Premier ministre, Hwang Kyo-ahn, continuera à assurer l'intérim jusqu'à la tenue d'une élection présidentielle anticipée dans un délai de 60 jours, comme le stipule la Constitution.

Cette décision judiciaire donnera l'occasion à Séoul de tirer un trait sur un scandale qui l'occupe depuis des mois alors même que la Corée du Nord se montre de plus en plus agressive, avec ses essais de tirs de missiles et ses menaces répétées.

Âgée de 65 ans et fille de l'ancien dictateur militaire Park Chung-hee, qui dirigea la Corée du Sud entre 1961 et 1979 et lui assuré un développement économique accéléré, elle est l’ancienne présidente du premier parti d'opposition, le Grand Parti national (GPN, conservateur). De 1998 à 2012, elle est députée à l'Assemblée nationale sud-coréenne. Elle est élue présidente de la République en décembre 2012...

et prend ses fonctions le 25 février 2013, devenant ainsi la première femme chef de l'État sud-coréen.

Malgré les accusations d'abus des droits de l'Homme qui ont entaché le règne de son père (1961-1979), certains prêtaient à la famille des caractéristiques royales et la jeune Park faisait figure de "princesse". « Je suis mariée à la République de Corée. Je n'ai pas d'enfants. Les Sud-Coréens sont ma famille », disait-elle. Son inspiration la porte vers la reine Elizabeth I d'Angleterre et d'Irlande (16ème siècle), surnommée la « reine vierge » en raison de son célibat obstiné.

Sa relation avec le mystérieux Choi Tae-Min, fondateur d'un mouvement aux allures de secte, avait débuté dans les années 1970 : il lui avait envoyé des lettre lui racontant avoir vu en rêve sa mère défunte.  Il acquit une influence telle qu'une note diplomatique américaine publiée par Wikileaks avait témoigné de rumeurs selon lesquelles il « contrôlait totalement Mme Park, corps et âme ».  A sa mort, en 1994, sa fille Choi Soon-Sil, une amie qui s'occupait déjà de la vie quotidienne de Mme Park, y compris de sa garde-robe, a endossé le rôle de son père.

Mme Park est accusée de collusion avec Mme Choi, elle-même jugée pour avoir extorqué des millions de dollars aux grands groupes industriels. L'héritier de Samsung Lee Jae-Yong a lui aussi été placé en détention provisoire dans ce scandale à tiroirs.

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