La guerre personnelle de Hamid Chabat

La guerre personnelle de Hamid Chabat

Il est sur tous les fronts, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal Hamid Chabat… Des funérailles de Mhamed Boucetta, où il s’était  mis en vedette avec ses photographes, aux différents, nombreux et successifs meetings organisés par son parti sur l’ensemble du territoire, Chabat tire sur les institutions, s’en prend à la classe politique, et insiste sur sa candidature pour un nouveau mandat à la tête de son parti.

A l’origine de ses malheurs, sa calamiteuse déclaration sur la marocanité de la Mauritanie – propos qui ont engendré une crise diplomatique avec le voisin du sud – mais aussi et surtout son allusion à sa mort prochaine et probable, exprimée sur le plateau de France24. Quelques jours plus tard, au début du mois de février, un article a été mis en ligne sur le site officiel du parti, istiqlal.info, avant d’être précipitamment retiré, évoquant « la pratique de l’Etat profond de se débarrasser de ses opposants à Oued Cherrat », en référence évidente à la mort accidentelle d’Ahmed Zaïdi et d’Abdallah Baha, en 2014, à ce même endroit.

C’est pour cet article que le patron de l’Istiqlal a été convoqué et entendu par la police judiciaire de Rabat hier lundi 27 février, après que les fonctionnaires aient préalablement recueilli la déposition du journaliste directeur du site et du technicien chargé de la mise en ligne des articles. Les deux ont décliné toute responsabilité dans ce qui s’est passé et, selon le journal du parti,a l Alam, ils auraient aussi dégagé le parti et son chef de toute implication dans ce qui s’écrit sur le site.

On attend la suite de cette affaire car selon un dirigeant du parti, qui a tenu à garder l’anonymat, « Istiqlal.info est le site officiel du...

parti, il n’est pas considéré comme un média, mais comme le support de l’Istiqlal. C’est bien évidemment le secrétaire général qui est personnellement et solidairement responsable de ce qui y est écrit ».

Le weekend précédent, lors de ses meetings à el Jadida et à Tétouan, Chabat a encore insisté sur sa candidature, estimant qu’un retrait de sa part équivaudrait à « une trahison envers les Istqlaliens, les Istiqlaliennes, et le peuple marocain ». Pour lui, les gens ne comprendraient pas qu’il se désiste. Et d’attaquer ses éventuels concurrents…

Taoufiq Hjira, Karim Ghellab et Yasmina ayant été suspendus du parti par la commission de discipline (dont le président Ahmed Kadiri avait démissionné pour cause de profonds désaccords avec Chabat) en raison de la distance qu’ils ont prise avec leur patron pour l’affaire mauritanienne, il ne reste plus que Nizar Baraka, actuel président du Conseil économique et social, dont le nom revient de manière de plus en plus insistante pour prendre la suite de Chabat.

Sans cette suspension, Hjira aurait eu ses chances, contrairement à Yasmina Baddou et Karim Ghellab, la première étant lourdement désavantagée par l’affaire d ses appartements parisiens et son échec aux dernières élections, de même que Ghellab, lui aussi défait dans « sa » circonscription de Sbata à Casablanca. Mais il y a aussi certains militants qui murmurent le nom de Mhamed Khalifa, dirigeant historique qui a le mérite de connaitre parfaitement les rouages du parti et son fonctionnement.

Lors de ses meetings, Chabat s’en est encore pris à Aziz Akhannouch, chef du RNI, qu’il a qualifié d’ « intrus » en politique, un « intrus » dont on voudrait faire un exemple pour l’Istiqlal. Hamid Chabat, qui a reconnu avoir une fortune de 75 millions de DH, reproche à Akhannouch son patrimoine…

Aziz Boucetta

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