Le Maroc se retire unilatéralement de Guergarate, et atteint ses objectifs

Le Maroc se retire unilatéralement de Guergarate, et atteint ses objectifs

Vendredi 24 février, le roi Mohammed VI a eu un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, au sujet des actes de violations répétés du cessez-le-feu par les éléments du Polisario. Le chef de l’Etat marocain a demandé au patron des Nations Unies de prendre les mesures nécessaires pour restaurer le statu quo. Guterres a promptement agi en convoquant le représentant du Polisario à New York et en demandant aux deux parties de revenir aux positions qui étaient les leurs, et le Maroc a réagi en annonçant le retrait unilatéral de ses gendarmes et militaires.

Cela fait maintenant 5 mois que les troupes du Polisario s’activent dans la zone de Guergarate, prétextant une intrusion des forces marocaines dans la zone. De fait, en août, des travaux d’asphaltage avaient été entrepris par le Maroc dans cette zone, dans l’objectif de ramener l’ordre dans cet endroit appelée « Kandahar ». Il fallait déloger les contrebandiers et les trafiquants de tout bord qui s’activaient dans l’extrême sud-ouest du territoire marocain.

Le Polisario avait réagi en saisissant l’ONU et en menaçant d’une reprise des hostilités. Le Maroc avait entretemps asphalté 2,8 km des 3,7 prévus. Puis une longue période d’attentisme et de face-à-face avait commencé. Le Maroc s’était alors préoccupé de « sa » COP22, puis s’était concentré sur son admission à l’Union africaine. Le Polisario avait multiplié les actes de provocation sur le terrain pour en faire état à Addis Abeba, fin janvier. Mais Rabat n’était pas tombé dans le piège.

Depuis quelques semaines, selon Mohammed VI qui s’en est plaint à Guterres vendredi 24, les éléments du Polisario s’étaient mis à procéder à des contrôles de véhicules, avec l’intention manifeste d’établir un point de douane entre le Maroc et la Mauritanie, ce qui est une situation intolérable pour le Maroc, qui aurait ainsi reconnu...

une situation de fait. D’où l’entretien avec  Guterres.

Le secrétaire général de l’ONU a alors convoqué le représentant du Polisario à New York pour demander des explications, puis a publié un communiqué, dans lequel il annonce que « la fluidité du trafic routier commercial entre le Maroc et la Mauritanie et, au-delà, vers le Sénégal, le Mali et le Niger, devait être rétablie ». Puis il avait demandé aux deux parties de faire montre d’un maximum de retenue. La Minurso est présente sur les lieux et assure une surveillance quotidienne, mais diurne, d’où l’inquiétude de voir l’affrontement s’embraser dans la région.

Le Maroc a promptement réagi, ce dimanche 26, en prenant note du communiqué du secrétaire général et en retirant ses gendarmes et militaires. Dans ce bras de fer avec le Polisario, et à travers lui l’Algérie, Rabat a gagné sur plusieurs fronts :

1/ Assurer le rétablissement de la circulation commerciale ;

2/ Assainir la situation et la zone des trafiquants et contrebandiers ;

3/ Asphalter la route pour en permettre un meilleur contrôle et repérer les éventuels contrebandiers ;

4/ Restaurer le statu quo dans la zone et reconnaître le caractère de zone tampon de ce territoire ;

5/ Placer le Polisario en porte-à-faux avec l’ONU. Soit il s’en va et le Maroc aura gagné, soit il reste et il aura un problème avec la communauté internationale, et là aussi, le royaume aura gagné. Sachant qu’en cas de confrontation, et vu l’éloignement de Guergarate avec l’Algérie, les forces armées marocaines auraient balayé les troupes du Polisario en une heure ou deux…

Un bras de fer qui s’achève, encore une fois, à l’avantage du Maroc qui engrange des points diplomatiques successifs avec son adhésion à l’UA, la preuve de la retenue dont il fait montre, sa demande d’adhésion à la Cédéao et l’initiative du roi avec le secrétaire général Antonio Guterres.

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