Hamid Chabat, dans le déni, lance de graves accusations

Hamid Chabat, dans le déni, lance de graves accusations

Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal Hamid Chabat semble être dans des sables mouvants… A chaque mouvement, il s’enfonce encore plus. Ebranlé par le communiqué des sages de l’Istiqlal, fin décembre, il a été sévèrement taclé par un conseiller royal à la télé, puis par des révélations médiatiques sur son patrimoine foncier. Dans un entretien accordé à France24, il dénonce, attaque, dément… et émet une étrange remarque sur sa mort.

Retour sur les grands événements qui ont marqué la désormais rude existence du secrétaire général de l’Istiqlal.

1/ En décembre dernier, Hamid Chabat fait une sortie malheureuse sur la Mauritanie. Nouakchott réagit, en fulminant, et le roi Mohammed VI appelle le chef d’Etat mauritanien, puis lui envoie le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Chabat a parlé aussi de Fouad Ali al Himma, conseiller royal, qui aurait remis à Abbas el Fassi la liste des ministres Istiqlal qui devaient entrer au gouvernement Benkirane. Abbas el Fassi a formellement démenti.

2/ Le communiqué des « refuzniks » de l’Istiqlal. Fin décembre toujours, une quarantaine de dirigeants, actuels ou passés, du parti se réunissent au domicile de Mhamed Boucetta, ancien SG de l’Istiqlal. Ils publient un communiqué où ils déclarent Chabat « incompétent et inapte à continuer d’assumer les fonctions de secrétaire général du parti de l’Istiqlal ». Il est aussi instamment que (peu) cordialement invité à céder sa place.

Mais Chabat poursuit son chemin, en organisant un Conseil national extraordinaire, où il se dessaisit d’une partie de ses attributions, mais il continue de mettre en place les structures pour le congrès général de mars 2017.

3/ Le 30 janvier 2017, le journal al Akhbar de Rachid Niny publie une liste de biens à donner le vertige mais à assurer la fortune de leur heureux propriétaire, inscrits au nom de Chabat, son épouse, ses fils et ses filles. Au total, selon une liste présentée comme incomplète par le quotidien, 22 appartements à Fès et environs, 3 immeubles, une dizaine de fermes et terrains agricoles, dont 8 ont été inscrits le même jour, en 2008, à la Conservation foncière, des salles des fêtes, un hangar, etc…  et tout cela entre Meknès, Fès, Salé et Taounate… La liste de ce (riche) patrimoine a été reprise par les médias nationaux, contredisant l’affirmation de Chabat sur le fait qu’il ne possède qu’une villa lilliputienne...

dans sa bonne ville de Fès, dont il avait été délogé de la mairie en 2015.

4/ Le 31 janvier, le conseiller royal Taïeb Fassi Fihri, que l’on n’avait pas vu depuis quelque temps, monte à la barre, en l’occurrence la télévision nationale, et déclare que les affirmations de Hamid Chabat sur la Mauritanie ont créé de gros problèmes à la machine diplomatique marocaine à Addis Abeba pour l’adhésion, ce qui est exact. Les ennemis et autres adversaires du royaume ont instrumentalisé cette affaire pour entraver l’arrivée du Maroc dans l’instance panafricaine. Cela, dit par un conseiller du roi, ancien chef de la diplomatie, à la télévision nationale et à une heure de grande écoute, a sonné comme un des derniers clous enfoncés dans le cercueil politique de Chabat.

5/ Le 2 février, enfin, l’ancien maire et (encore) député de Fès réagit. A la télévision aussi, mais la télévision française France24, chose étrange pour le patron du parti de l’Istiqlal (indépendance). Et il sort à son tour sa grosse artillerie, qui risque de lui exploser dans les mains. Plus tard, mais dans un proche avenir... Qu’a-t-il dit ? Que le conseiller royal était en mission, ce qui conduit à s’interroger pour qui un conseiller royal peut-il être en mission… Que les propos sur la Mauritanie ont été sortis de leur contexte historique, et que donc il ne les récuse ni ne s’en excuse…  que le parti de l’Istiqlal, qui maintient sa volonté d’entrer au gouvernement,  sera dans l’opposition si Benkirane se range « dans le camp de ceux qui combattent la démocratie »…  et qu’il donnera, lui, Hamid Chabat, ses organes « au peuple marocain », s’il lui arrivait de trépasser « naturellement ou non », que « je sois  un martyr ou que je meure de façon naturelle ». Un martyre n’a jamais été très riche…

Que veut-il dire par cette phrase inquiétante ? Que signifie ne pas mourir naturellement ? Et si une mort n'est pasnaturelle, c'est qu'elle a été préméditée, préparée... Peut-être qu'un procureur du roi voudrait-il en savoir plus... 

Dans l’intervalle, et dans la perspective de son décès naturel ou non, donc, Hamid Chabat garde son appétit entier puisqu’il est candidat à un second mandat à la tête de son parti. Les préparatifs vont bon train, un congrès de l’Istiqlal (et d’autres partis) étant bien entendu bien « travaillé ».

Aziz Boucetta

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