Yahya Jammeh quitte le pouvoir et la Gambie

Yahya Jammeh quitte le pouvoir et la Gambie

Des rumeurs avaient donné le désormais ex-président  gambien Yahya Jammeh partant pour son exil marocain. Rien d’officiel mais cette rumeur avait couru ces derniers jours. Jammeh a finalement quitté son pays, dans un avion en compagnie du président guinéen Alpha Condé. Sa destination finale est la Guinée Equatoriale.

Jusqu'au décollage du jet privé qui l'a emmené, en compagnie du président guinéen Alpha Condé, beaucoup de Gambiens croyaient encore possible un retournement de dernière minute, bien qu'il ait annoncé son départ dans une intervention télévisée dans la nuit de vendredi à samedi. « J'ai décidé aujourd'hui en conscience de quitter la direction de cette grande nation, avec une infinie gratitude envers tous les Gambiens », avait-il déclaré. Il faut dire qu’il avait une armée étrangère dans son pays, faite de contingents de plusieurs pays africains et prête à l’arrêter…

C’est le site marocain Ledesk qui avait émis l’éventualité d’une arrivée de Jammeh au Maroc, se fondant sur la nouvelle présence du royaume en Afrique et sur l’histoire du Maroc, qui avait déjà accueilli à la fin des années 90 le dictateur déchu zaïrois, Mobutu Sésé Seko. Mais cette solution n’a pas été retenue, et semble ne pas le devoir dans l’avenir, une source diplomatique marocaine nous ayant confié que l’option de l’accueil de l’ex chef d’Etat au Maroc n’était pas à l’ordre du jour.

Et donc, ce samedi 21 janvier, en milieu de soirée, Yahya Jammeh a quitté son pays. L’image est forte : l’ex-président en train montant dans le jet privé d’Alpha Condé. L'ancien président se retourne et salue une dernière fois en levant son Coran la foule réunie autour de l’avion : ses sympathisants, des proches, des membres de son gouvernement, beaucoup de militaires, énormément de gens en pleurs, en larmes, des femmes, mais aussi des soldats censés sécuriser cette cérémonie de départ.

Une cérémonie très officielle, très solennelle, en présence d’Alpha Condé, avec la fanfare de la garde républicaine qui a joué l’hymne gambien sur le tarmac. La foule a été maintenue à...

l’écart quand Yahya Jammeh a commencé à avancer vers l’avion. Tout le monde a alors avancé avec lui, les militaires ont été débordés, et ont finalement laissé faire. La foule s’est rapprochée du jet privé, pour accompagner ce dernier départ de Yahya Jammeh.

Le décollage de l'avion de Yahya Jammeh avait été précédé par le départ d'un appareil mauritanien qui, selon des sources proches de la présidence guinéenne, transportait des proches et des collaborateurs l'accompagnant dans son exil. Peu après 22 heures locales (TU), l’ancien président gambien et Alpha Condé ont débarqué à l’aéroport de Conakry, salués sans tambours ni trompettes par le Premier ministre Mamady Youla, entouré de quelques membres de son gouvernement.

Mais il ne s'agissait que d'une escale. L'ex-président gambien a ensuite embarqué dans un avion spécial affrété par la présidence équato-guinéenne, selon des sources concordantes, pour l'emmener en Guinée équatoriale, une destination d'exil confirmée par le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, lors d'une conférence de presse à Dakar.

Il était pourtant prévu que le président de la Guinée, Alpha Condé, l’accueille temporairement et une résidence cossue, hautement sécurisée, lui avait été aménagée à cet effet dans la banlieue de Conakry. De sources aéroportuaire et officielle, l'avion spécial a donc décollé à 23h50 en direction de Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale.

Pourquoi ce choix ? D’abord, parce que la Guinée équatoriale est suffisamment éloigné de la Gambie. Ensuite, parce qu’il n’a pas ratifié le traité de Rome et donc, l’ex-président ne prend pas donc pas le risque d’être poursuivi ou livré à la Cour pénale internationale (CPI).

Il aura fallu pour cela 48h d’une ultime médiation incertaine, tendue, menée à Banjul par Alpha Condé et le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, durant laquelle la Gambie a évité de justesse une intervention militaire de la coalition de la Cedeao. Pendant ce temps, le président élu Adama Barrow était toujours au Sénégal, où il avait prêté serment à l’ambassade de son pays à Dakar.

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