Les piques et touches d’Akhannouch contre le PJD

Les piques et touches d’Akhannouch contre le PJD

Dans son dernier discours de tournée régionale, le président du RNI a consacré une courte partie à la politique. Et la politique, en ce moment, c’est le blocage dans la formation du gouvernement et l’attitude du PJD d’Abdelilah Benkirane. Aziz Akhannouch a donc dit ce qu’il pense de ce parti, de son positionnement et de son comportement, mais sans jamais le citer.

Commençant sur un ton badin, le ministre de l’Agriculture lève les yeux au ciel, avise le drone qui filmait le meeting, et lâche, sourire en coin : « ça, ce sont nos amis qui nous écoutent… », puis il enchaîne : « Nous sommes là pour travailler pour notre pays et nos compatriotes…  nous n’avons pas de temps à perdre avec les gens malintentionnés, ceux qui considèrent la politique comme un terrain de guerre, qui veulent être seuls sur la scène et qui instrumentalisent la pauvreté  à des fins politiques, pour gagner des élections ! ». On a compris.

Déjà, avant Akhannouch, son prédécesseur Salaheddine Mezouar, lançait des attaques similaires contre le PJD. Le nouveau président aiguise le trait : « Nous on veut travailler, mais il nous faut apprendre aussi à causer… et pas n’importe comment ! On est des gens bien, nous, on est des ’oulad nass’ », lance-t-il sous un tonnerre d’applaudissements des 3.500 personnes présentes dans un amphithéâtre archicomble.

Puis, lancé dans sa logique, il ajoute : « Laissez-les dire que nous sommes un parti de notables et de nantis, nous avons l’habitude d’être attaqués… ils ont voulu nous ridiculiser, ils ont raillé toutes les positions de notre RNI, mais on a résisté et on continuera de le faire. On ne les laissera pas nous terroriser avec leurs discours de victimisation et leurs théories du...

complot »…

Et la pique directe, la banderille finale : « Nous avons été exposés et insultés, mais nous nous battrons et nous gagnerons car nous ne voulons pas d’obscurantisme dans ce pays. Je m’adresse de cette tribune aux prédicateurs pour leur dire que la démocratie est l’affaire de tous et qu’elle ne signifie pas que le vainqueur à une élection doit écraser les autres. Prétendre autre chose, c’est s’éloigner des valeurs de ce pays ».

Et la chute, raisonnable et conciliatrice, quand même : « Mais toutes ces attaques passerons dès lors que le gouvernement sera formé. A ce moment-là, la seule chose qui nous restera à faire, c’est de travailler… alors, je vous le redis, œuvrez à vous rapprocher des populations, de les servir et de leur régler leurs problèmes ».

Tout cela est dit sur un ton posé, mais on y sent la colère retenue. En filigrane, les tractations pour la formation du gouvernement, les postures rudes de Benkirane, les attaques de ses collaborateurs et médias amis contre tous les autres partis (Istiqlal et PPS exceptés), les tergiversations du chef du gouvernement qui dit une chose avant d’affirmer son contraire, comme quand il a sorti son communiqué du « intaha lkalam » (game over) avec Akhannouch, avant qu’il ne déclare à la presse qu’il a appelé le même Akhannouch pour proposer le perchoir de la Chambre des représentants au RNI.

Pour citer un langage martial, il semblerait que la renaissance, voire même la naissance, du RNI se fera à Agadir, et le lent travail de reconquête de l’électorat commence également à Agadir. Il suffisait d’être là, de dévisager les attitudes du public, de scruter les réactions à certaines phrases pour convenir d’un changement perceptible au RNI, traditionnellement aphone et atone.

Aziz Boucetta

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