Le grand Mufti saoudien condamne fermement concerts et salles de cinéma…
Dur d’être plus ou moins moderniste en Arabie Saoudite, si tant est que la modernité puisse se réduire à la musique, au chant et au cinéma. Suite à de grandes cogitations, une non moins grande décision d’ouverture de salles de cinéma et d’organisation de concerts a été prise en Arabie Saoudite. Mais le grand mufti du pays a émis une fatwa farouchement opposée à cela. Rien que cela…
Le vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait dévoilé en avril 2016 un vaste programme de réformes, présenté comme « une feuille de route » pour le développement du royaume durant les 15 prochaines années. Ce plan est destiné à diversifier l'économie saoudienne qui dépend à plus de 70% du pétrole au moment où les prix du brut sont en chute libre depuis environ deux ans. Mais le programme Vision 2030 inclut également des éléments pour l’ancrage de la société saoudienne dans son temps. Parmi ces mesures, plusieurs sont d’ordre culturel, organisation de concerts, ouvertures de salles de cinémas…
Mais voilà que le jeune prince de 31 ans, très certainement futur roi aussi, se heurte à la frange rigoriste du royaume wahhabite. Cette résistance est menée, entre autres, par le grand Mufti...
du pays. En effet, pour Abdel Aziz al-Cheikh, le cinéma et les concerts constituent « un appel à la mixité entre les sexes » qui « corrompra la morale et détruira les valeurs ». La plus haute autorité religieuse du pays a ajouté que « les concerts de chanteurs et le cinéma sont une source de dépravation », visant directement le projet de l'Autorité saoudienne du divertissement, un organisme culturel dépendant du pouvoir.
Et le grand mufti a des arguments, qu’il n’hésite pas à opposer au prince et à l’Autorité du divertissement : « les cinémas pourraient montrer des films libertins, obscènes, immoraux et athées car ils feront appel à des films importés pour changer notre culture. Il ne faut pas ouvrir la porte au diable ». Mais, grand seigneur, le grand mufti sait se montrer compréhensif, à défaut d’être compréhensible, jugeant que « le divertissement par le biais de canaux scientifiques et culturels était acceptable ».
En octobre 2016, un spectacle inédit de musique hip hop avait transporté d’enthousiasme et de joie dansante une foule de jeunes à Ryad et des responsables avaient même évoqué, heureux, l'ouverture d'une nouvelle ère dans le royaume. C’était sans compter avec le grand Mufti.
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