Gouvernement : le Big Bang (en 3 temps) dont pourrait sortir une coalition

Gouvernement : le Big Bang (en 3 temps) dont pourrait sortir une coalition

Et cela continue de s’accélérer, de coups bas en coups de théâtre, de déclarations en déclamations… Ce jeudi 29 décembre, les choses se sont brutalement accélérées : Abdelilah Benkirane rencontre Aziz Akhannouch et Mohand Laenser, puis se réunit avec Nabil Benabdallah, et aussitôt après, un communiqué incendiaire des « historiques » de l’Istiqlal, plus les cadres actuels, désavoue publiquement et rugueusement Hamid Chabat… Une sorte de big bang, un chaos dont naîtrait une configuration homogène. Un big bang en trois temps… pour l’instant !

1/La rencontre Benkirane/Akhannouch/Laenser. Elle a semble-t-il été décidée à l’initiative de Laenser, et les choses ont avancé. Le président du RNI, qui forme une alliance parlementaire avec l’UC, était donc accompagné de Laenser, du MP. Nous sommes dans l’ancienne majorité, celle de 2013-2016. A l’issue de la rencontre, Benkirane n’a rien dit, contrairement à son habitude, mais Akhannouch a expliqué que lui et Laenser ont exposé leurs vues à leur hôte au sujet de l’Istiqlal et des dernières déclarations de Chabat sur la Mauritanie. « On ne peut avoir confiance en quelqu’un d’aussi imprévisible et d’aussi léger », a dit en substance Akhannouch, qui a ajouté que le chef du gouvernement a besoin de quelque temps pour réfléchir et prendre une décision. Benkirane tangue…

2/ La sortie de Nabil Benabdallah.  Aussitôt après, le patron du PPS, grand allié et ami indéfectible de Benkirane,  prend la parole et dit plus ou moins la même chose. Il a expliqué qu’au départ, c’était avec l’Istiqlal que le gouvernement devait être formé, mais « les dernières déclarations de Hamid Chabat ont compliqué les choses, et le chef du gouvernement est dans un grand embarras ». C’est donc le début d’une solution qui se confirme, puisque Benkirane...

tangue…  et paraît disposé à envisager de se défaire de l’Istiqlal.

Il est de très fortes chances pour que cette évolution constatée de Benkirane ait été soufflée et inspirée par Nabil Benabdallah, qui se trouve dans son rôle de conseiller occulte, et écouté, du chef du gouvernement.

3/ Le communiqué des chefs de l’Istiqlal. « Hamid Chabat est incapable et incompétent pour continuer d’assumer ses responsabilités de chef du parti de l’Istiqlal », disent Mhamed Boucetta, Abbas el Fassi Mhamed Khalifa, Taoufiq Hjira, Latifa Bennani Smirès, Karim Ghellab, Fouad Kadiri et bien d’autres. Requiem final pour Chabat et immense embarras pour Benkirane qui ne pourra plus défendre sa parole donnée à un homme contesté de la manière la plus virulente par ses pairs et prédécesseurs. Si le chef du gouvernement maintient son attachement à l’Istiqlal de Chabat, quelle valeur donner à ce parti implosé et à sa direction moralement anéantie ?

Selon des informations qui se précisent, Benkirane est donc tiraillé entre sa parole et sa position sur l’échiquier national, d’une part et, d’autre part l’intérêt national. Les Mauritaniens lui auraient fait part d’une inquiétude (légitime) de voir l’Istiqlal siéger au gouvernement après les propos de son secrétaire général. Or, la Mauritanie a une voix écoutée au sein de l’Union africaine, où le Maroc fera son entrée dans quelques semaines.

On attend l’issue du Conseil national de l’Istiqlal du samedi 31 décembre, et on attend encore le « temps de réflexion de Benkirane », comme l’a dit Aziz Akhannouch. Mais tout semble aller vers la formation d’un gouvernement, « dans les meilleurs délais », comme a dit le roi dans un communiqué datant de la semaine dernière, et qui est resté dans toutes les mémoires.

Aziz Boucetta

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