L’artiste peintre Abdellatif Zine est mort

L’artiste peintre Abdellatif Zine est mort

Le Maroc perd l’un de ses plus grands artistes, le prolifique Abdellatif Zine. Il s’est éteint à son domicile de Mohammedia des suites d’une longue maladie. Il avait 76 ans. Fin de transe pour l’artiste…

Abdellatif Zine a commencé très tôt à peindre. Né en 1940 à Marrakech, il fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Casablanca de 1960 à 1962 avant d'aller poursuivre sa formation à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (1963-1965).

Le défunt avait eu une carrière aussi diversifiée qu’éclectique, marquée par plusieurs périodes, passant d’une thématique à l’autre, et d’un traitement de couleurs à un autre. Son œuvre se caractérise, par ailleurs, par des œuvres au cachet pictural que nous lui connaissons et dont le mouvement et l'expression chromatique sont des composantes indéniables.

Abdellatif Zine a toujours été en dehors du lot, ne se faisant pas que des amis. Rugueux et sympathique à la fois, il aimait prendre le contrepied des gens. Ainsi, lors de la guerre d’Irak en 2003, les artistes protestaient, mais lui était au premier rang de ceux qui...

avaient peint pour dénoncer la politique aventureuse de Bush. Comédiens, dramaturges, musiciens, humoristes et chanteurs se réunissaient pour dénoncer les attentats de Casablanca, mais Zine était là, encore une fois, égal à lui-même : il avait demandé aux manifestants de tremper leur main dans un seau de peinture rouge et de l'appliquer sur un panneau blanc.

C’était là une prémisse, ou une conséquence, de son Trans’art… des tableaux peints par des profanes, gnaouas qui, en transe, plongeaient leurs mains dans des seaux de peintures différentes, les appliquant au hasard sur eux-mêmes et sur un grand drap blanc, qui, une heure après, présentait des couleurs chatoyantes. Cela se faisait sur l’envoûtante musique des gnaouas, cela renvoyait le sentiment de désordre, mais le rendu final transmettait exactement ce que voulait l’artiste et qu’il expliquait à chaque fin de spectacle.

Il y était encore voici un mois, à Casablanca, fier de ses musiciens/danseurs/peintres, qu’il guidait d’un pas assuré, qu’il menait d’une main ferme, qu’il félicitait tout en les critiquant, sourire en coin, regard vif. Un regard aujourd’hui éteint à jamais.

Adieu l’artiste.

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