Mohammed VI donne ses instructions pour la 2ème phase de régularisation des migrants

Mohammed VI donne ses instructions pour la 2ème phase de régularisation des migrants

La première phase avait eu lieu en 2014, quand plus de 25.000 immigrés venus d’Afrique subsaharienne avaient été régularisés et intégrés dans le marché du travail, et donc dans la société. Aujourd’hui, et après sa tournée africaine, le roi Mohammed VI a donné des instructions pour le lancement de la seconde phase… au moment même où nous voyons le traitement indigne réservé par les Algériens à leurs migrants.

Ainsi, et lors de sa visite dans plusieurs pays africains, en plus de la réception de nombre de chefs d’Etat à Marrakech en marge de la COP22, le roi a été félicité et remercié par ses pairs du continent pour sa politique migratoire. Cela est intervenu un à deux mois avant le délai fixé en 2014 pour le lancement de la seconde phase de régularisation, qui est aujourd’hui lancée, pour une mise en œuvre immédiate.

En préparation à cette seconde phase, le roi avait rappelé dans son discours du 20 août dernier que « le Maroc compte parmi les premiers pays du Sud à avoir adopté une politique solidaire authentique pour accueillir les migrants subsahariens, selon une approche humaine intégrée, qui protège leurs droits et préserve leurs dignité. Pour mettre en œuvre cette politique, notre pays, sans condescendance, ni arrogance, ni dénigrement ni discrimination, a procédé à la régularisation des migrants, conformément à des critères raisonnables et équitables, en créant pour eux les conditions appropriés pour s'établir, travailler et vivre dignement au sein de la société (…). Je tiens à réaffirmer que nous ne faisons que remplir le devoir qui nous incombe vis-à-vis de cette catégorie, étant donné qu'il s'agit de personnes que la précarité a poussées à risquer leurs vies et à quitter leurs familles et leur pays. Le Maroc a longtemps récusé les méthodes suivies par certains pour traiter les questions de la migration, méthodes qui, se sont, d'ailleurs, révélées inopérantes. Par contre, il est fier de l'action qu'il mène dans le domaine de l'accueil...

et de l'intégration des immigrés. Et il ne reviendra pas sur cette approche pratique et humanitaire ».

Quels sont les critères retenus ? Les mêmes qu’en 2014 : vivre depuis au moins cinq ans sur le territoire marocain, exercer un travail rémunéré depuis deux ans ou prouver d’au moins deux années de vie commune avec un conjoint marocain. Les étrangers atteints de maladies graves sont aussi éligibles à la régularisation.

Cependant, plusieurs vagues d’arrestations avaient eu lieu au nord du pays après 2014, dans la forêt de Gourougou, et des centaines de migrants non régularisés ou ayant vu leurs demandes rejetées, avaient été conduits vers les villes intérieures, loin des frontières européennes. Tout n’est donc pas rose, comme le rapporte le Monde dans un article du Monde de mars 2015 : Le taux de reconnaissance reste somme toute limité, notamment due à une interprétation trop rigide des critères permettant d’accéder à la régularisation. Seuls 4 % des étrangers ayant demandé la régularisation de leur situation administrative sur la base d’un contrat de travail ont reçu une réponse favorable. « Comment concevoir que dans un pays ou la majorité des personnes sans papiers travaille dans le secteur informel, la relation de travail ne puisse être prouvée que par un visa du ministère de l’emploi ? », s’interrogent la FIDH et le Gadem », (Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem).

Cela étant, le Maroc ne peut régulariser tout le monde, et le fait même qu’il ait accordé des visas de séjour à près de 1؉ de sa population démontre sa bonne foi à l’égard des populations subsahariennes. Cette seconde phase devrait donc  concerner autant que la première, soit plus de 20.000 personnes. Et rappelons qu’en 2014, une convention avait été signée entre le ministère de la Santé et le CNDH de Driss Yazami, en vue de garantir aux immigrés réguliers et réfugiés politiques une couverture médicale de base et l’accès aux soins de santé, le Ramed.

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