Formation du gouvernement, toujours le blocage…

Formation du gouvernement, toujours le blocage…

Nous en sommes à une dizaine de jours de boucler les deux mois de la nomination d’Abdelilah Benkirane comme chef du gouvernement chargé de réunir sa majorité. C’était le 10 octobre… le roi Mohammed VI avait reçu le chef du gouvernement sortant et lui avait renouvelé sa confiance, suite à la victoire de son parti, le PJD, aux élections. Mais Benkirane refuse toujours d’entamer les négociations, bien qu’il ait l’accord de l’USFP, avec laquelle il complèterait sa majorité, et du RNI aussi.

Qu’est-ce qui bloque ? Avec l’USFP, le chef du gouvernement est conscient qu’il accueillerait un parti peu sûr et tout aussi peu fiable. Les liens du Premier secrétaire Driss Lachgar avec le chef du PAM Ilyas el Omari (il se trouve aujourd’hui avec lui en Palestine) sont de notoriété publique. Et Driss Lachgar est connu pour ne pas s’embarrasser de changer d’avis plutôt fréquemment. Il avait, le 17 octobre, lié son sort à celui de l’Istiqlal. Mais l’Istiqlal ayant dit un oui franc et massif à Benkirane pour le gouvernement, le chef de l’USFP s’est rétracté… De même que lors de la Commission administrative de son parti, il avait dit le plus grand bien du RNI, avec lequel le chef du gouvernement est en profond désaccord sur la composition de l’alliance.

Pour le RNI, précisément, il en va autrement… Abdelilah Benkirane veut l’avoir dans sa majorité, et surtout...

dans son futur gouvernement, au vu de la brochette de cadres et de technocrates qui y sont encartés. Le président du RNI Aziz Akhannouch sait cela et, réfléchissant comme un chef d’entreprise, sait aussi qu’en conséquence il peut négocier en position de force.

Selon une source proche de Benkirane au sein du PJD, et contrairement à ce qui se dit ici et là, Aziz Akhannouch tient à son exigence de cohésion gouvernementale, ce que Benkirane avait traduit par une exigence du chef du RNI de se séparer de l’Istiqlal. La logique d’Akhannouch est claire : reconduire la majorité sortante qui a permis des résultats relativement bons de 2013 à 2016 et, en passant, satisfaire à l’injonction royale d’avoir un gouvernement homogène. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on, et Benkirane avait été le premier à dire que son gouvernement avait réussi, et il le dit toujours.

Quant à Benkirane, il tient à l’Istiqlal pour deux raisons : renforcer une majorité en la « sécurisant » par un Istiqlal dont le chef Hamid Chabat ne pourra plus céder à ses pulsions et quitter la majorité, et aussi s’adjoindre la force de frappe verbale (entre autres) du même Chabat contre Akhannouch, le cas échéant.

On en est toujours là… Pendant ce temps, on ne le dira jamais assez, le Maroc attend une clarification de la sphère politique et surtout une loi de Finances…

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