A l’Istiqlal, législature, progéniture et sinécures…

A l’Istiqlal, législature, progéniture et sinécures…

Ils sont venus, ils sont tous là, tous, pas presque, tous, sauf ceux qu’une rude maladie ou qu’un voyage prévu de longue date empêchait d’être là. Les anciens ministres, ceux qui veulent le redevenir  et surtout ceux qui souhaitent le devenir, les anciens et nouveaux députés. Tous. Pourquoi ? Les portes du gouvernement, comme du paradis, se sont ouvertes, et les appétits ont suivi.

Finis les mots de Chabat sur Benkirane et les mots des Istiqlaliens sur Chabat. A l’Istiqlal, l’objetif ultime est d’être au gouvernement, et un chef qui réussit à négocier l’entrée du gouvernement est un bon chef. Chabat avait imposé la sortie en 2013, et il avait été un mauvais chef. Il est redevenu bon chef en 2016.

Le Comité exécutif, ce samedi, faisait plaisir à voir, comme au bon vieux temps de Boucetta, où le front faisait bloc et le bloc était dur. Démocratique ou pas, c’est secondaire. Ce samedi donc, ils sont venus, ils sont tous là, dès qu’ils entendu ce cri « on entre au gouvernement »… Ils sont tous là ,  même ceux du sud du pays, y a même Hjira, le fils boudeur, avec des sourires plein les joues…

Karim Ghellab a raté l’étape électorale, battu en son « fief » de Sbata à Casablanca. Mais il était là aussi, au Conseil national. Il a été député, il a été ministre, puis il a été président de la Chambre des représentants, et ensuite il a été battu aux élections, mais pourquoi ne pas redevenir ministre ? Il était là, déception digérée mais ambition intacte.

Abbas el Fassi aussi était là. Lui, il a tout...

été, ministre, ambassadeur, député et même premier ministre, il ne demande plus rien, pour lui du moins. Mais à l’Istiqlal, on pense toujours aux progénitures. A l’Istiqlal, l’important, c’est les gosses, l’important... Des el Fassi aux Ould Rachid, en passant par les Boucetta, les Tazi, et maintenant les Chabat. Après Hamid, c’est Madame qui fut députée, et depuis le 7 octobre, c’est le digne rejeton Nawfal, élu sur la liste nationale. Pourquoi prendre des risques ?…  En position éligible, donc, mais il est vrai avec le fils Abbas el Fassi. La progéniture, donc, c’est vital à l’Istiqlal…

Avec l’Istiqlal, le Maroc se range dans les très rares pays au monde où 900 personnes (l’effectif du Conseil national) se réunissent et votent quelque chose à l’unanimité. Mais ce n’est pas simplement quelque chose, c’est le gouvernement, et le gouvernement, c’est important à l’Istiqlal, pour l’Istiqlal, pour les dirigeants. Et leurs progénitures, au nom des générations futures.

900 personnes se sont levées comme un homme. Et ont dit oui à cette simple question posée par leur chef Chabat : « Doit-on entrer au gouvernement ? ». « Oui ! », scandent 900 gosiers surexcités à l’idée que les leurs reviendront aux affaires. Un poste de cabinard par là, une autorisation par-ci, l’ambiance des grands jours et des grandes berlines au siège de l’Istiqlal… Les médias à l’affût d’un entretien, les petites mains à la recherche d’un piston…

Oui, l’Istiqlal entrera au gouvernement. C’est le principal. Le reste, tout le reste, les alliances, les compromis et les compromissions, les renonciations et renoncements, c’est secondaire. L’important est la voiture de fonction et le planton en faction.

Aziz Boucetta

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