Le secteur informel expliqué par le Haut-commissaire au Plan

Le secteur informel expliqué par le Haut-commissaire au Plan

Ahmed Lahlimi a présenté ce mercredi 12 octobre les résultats d’une enquête nationale sur le secteur informel, pour les années 2013-2014. Il en ressort que ce secteur, mais ce n’est pas nouveau, contribue peu à l’économie nationale, mais qu’il « siphonne » une part importante de l’économie formelle. Les détails.

Sur le plan méthodologique, l’enquête nationale sur le secteur informel a couvert, entre 2013 et 2014, un échantillon de 10.085 unités de production sur l’ensemble du territoire national et sur une période de 12 mois pour tenir compte de la saisonnalité de leurs activités. La définition retenue a été présentée par Lahlimi : « Ce secteur regroupe toutes les unités de production non agricoles qui exercent des activités de production de biens et services sans se conformer aux dispositions statutaires et comptables auxquelles sont soumises les entreprises opérant dans l’économie nationale. Son champ exclut, néanmoins, les activités illicites ou illégales, par définition occultes et dont l’approche demanderait d’autres compétences ».

Selon Lahlimi, les unités de production informelle (UPI) semblent plutôt constituer un mode d’articulation, historiquement daté, d’une société traditionnelle en transition avec un modèle capitaliste et libéral de croissance de faible productivité globale

Pour entrer dans le détail, on apprend de cette enquête qu’il y avait, en 2013, 1,68 million  d’UPI, avec une progression annuelle moyenne de 19 000 unités. Plus de la moitié (51,4%) de ces UPI sont « mobiles », c’est-à-dire qu’elles ne disposent pas d’un local fixe, et elles exercent dans les domaines du BTP, des services et du commerce. Au total, 80% des UPI et 40% de celles qui ont un local n’acquittent pas la taxe professionnelle.

Plus des deux tiers des chefs d’UPI ont fréquenté l’enseignement préscolaire ou primaire, 28,4% l’enseignement secondaire et 3,3% seulement un enseignement supérieur. Et la création de ces unités est à 83% individuelle et 10,6% collaborative.

Dans quel secteur exercent ces UPI ? Essentiellement dans le petit commerce et de la micro-entreprise. Les activités commerciales représentent près de 70% du chiffre d’affaires total, suivies des activités de l’industrie (13,1%), des services (9%) et du BTP (8,1%)....

Plus de la moitié des UPI réalise annuellement un montant unitaire de moins de 100.000 DH, 35,3% moins de 60.000 DH et 16,2% engrangent un chiffre d’affaires supérieur à 360.000 DH.

Au total, les UPI ont, dans leur ensemble, brassé un chiffre d’affaires de près de 410 milliards de DH, en 2013, en accroissement annuel moyen de 6,5% depuis 2007. Cela représente environ 40% du PIB (105 milliards de $).

Les UPI s’auto-approvisionnent à raison de 71% de leurs besoins et ont recours au secteur formel pour 18% seulement, 7% des ménages et 1,4% du secteur public. Dans l’écoulement des biens et services produits par cette sphère, les ménages ont constitué 80% de la clientèle des UPI, les entreprises informelles 21,3% et les entreprises formelles 0,5%. D’où une faible contribution de l’informel au secteur formel.

Contribution des UPI à l’économie nationale

En 2013, les UPI ont investi 3,366 milliards de DH, en accroissement annuel de 3,2% depuis 2007, représentant une contribution de 1,1% à la formation brute du capital fixe national. Le secteur des services en a réalisé 50%, le commerce plus du tiers, l’industrie 12,2% et les BTP 5,3%.

 La même année, les UPI ont réalisé 12,2% de la production nationale après 10,9% en 2007. En hausse depuis cette date dans tous les secteurs, leur contribution à la production varie de 56,8% dans le secteur commercial, 27% dans le bâtiment, près de 10% dans l’industrie et près de 8% dans les activités de services hors administrations publiques.

Avec 103,346 milliards de DH et un taux de 56% de la production, la valeur ajoutée (VA) créée par les UPI représente, en 2013, 12,6% de la valeur ajoutée nationale. Par secteur, la contribution des UPI à la valeur ajoutée passe de 60% dans le commerce à 29,3% dans la construction, 13,3% dans l’industrie et 6,4% dans les services.

Au total et compte tenu d’un prélèvement relativement minime au titre des impôts et taxes dans la sphère informelle, celle-ci aurait, en 2013, contribué à hauteur de 11,5% au PIB national (base 2007). 

 

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