Benkirane a sévèrement attaqué l’UMT dimanche, l’UMT répond tout aussi violemment mardi
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- 27 septembre 2016 --
- Maroc
Lors du lancement de la campagne électorale du PJD, dimanche 25 septembre au complexe Moulay Abdallah à Rabat, le chef du gouvernement et du PJD Abdelilah Benkirane s’en était pris assez sévèrement à l’UMT, qu’il a accusée d’avoir appelé à un vote sanction contre son parti. Le syndicat dirigé par Miloudi Moukhariq réagit, et répond, dans un texte signé par Mourad Lakhal, membre de la Commission administrative de l’UMT.
Dimanche, devant ses 20.000 fans, Benkirane avait lancé : « Personne ne m’a demandé de réformer les retraites, sauf ma conscience. Les syndicats ont appelé les gens à sortir, mais ils ne les ont pas cru, et ne sont pas sortis, et aujourd’hui, les mêmes syndicats appellent les gens à ne pas voter pour moi. Le premier camouflet ne leur a-t-il donc pas suffi ? Ils auront un autre, et les gens vont voter pour moi, inchallah ! ».
La réponse est intervenue en plusieurs points, dans un style aussi agressif que celui de Benkirane, dans lesquel la centrale détruit les arguments du chef du gouvernement, avec lequel elle avait croisé le fer tout au long de cette année pour plusieurs raisons, dont principalement la réforme des régimes de retraite.
Voici une traduction résumée de la réponse des syndicalistes de l’UMT.
1/ L’UMT ne s’est jamais engagée à ne pas prendre position, jusqu’après l’élection du 7 octobre. Prétendre le contraire n’est que diffamation, tromperie et absurdité, dit le syndicat.
2/ La décision de réformer les régimes des caisses de retraite s’est faite sous la direction et la contrainte du FMI, ainsi qu’en a souvent témoigné Christine Lagarde, directrice générale du Fonds, qui a « accordé plusieurs satisfécits, plusieurs fois,...
à son bon élève obéissant, Abdelilah Benkirane ». Par ailleurs, personne ne croira le chef du gouvernement quand il affirme que cette réforme a été acceptée par les travailleurs, qui ont organisé tant de marches, sit-in et manifestations, que le monde entier a suivi.
3/ La décision du Conseil national de l’UMT en date du 21 septembre appelant au vote sanction contre Benkirane émane de la logique et de l’histoire de ce syndicat, qui n’a cessé d’afficher ses positions en faveur de la démocratie et qui n’a jamais renoncé à l’indépendance de la prise de ses décisions.
4/ L’appel au vote sanction s’inscrit en droite ligne de notre principe « nous soutenons qui nous soutient et nous luttons contre ceux qui nous combattent ». En effet, cette décision fait suite à la presque suppression de la Caisse de compensation, avec toutes les conséquences que cela a eu sur le pouvoir d’achat des masses laborieuses, le gel des salaires et des recrutements au sein de la fonction publique, l’augmentation des impôts, les contrats à durée déterminée dans la fonction publique, la réforme des retraites (« le terme réforme étant une vaste supercherie »), la délégation à des entreprises étrangères de services publics comme la distribution d’eau et d’électricité, l’assainissement solide et liquide, l’enseignement, la santé…
L’UMT persiste et signe, et se déclare fière de cette décision d’appeler au vote sanction, pour empêcher que ce gouvernement ne soit reconduit et qu’il ne détruise ce qu’il reste en matière d’acquis sociaux. L’UMT déclare et affiche clairement sa volonté d’influer sur le scrutin dans l’objectif de changer de majorité et de favoriser la formation d’une autre qui soit plus respectueuse des intérêts des travailleurs.
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