La ratification de l’Accord de Paris traîne, et la COP22 approche…

La ratification de l’Accord de Paris traîne, et la COP22 approche…

L’Accord de Paris sur le climat conclu en décembre 2015, a été ouvert à la signature en avril dernier. Il a été signé à New York par 175 pays (aujourd’hui 180), mais il n’a été ratifié à ce jour que par 22 Etats. Ces pays, principalement des États insulaires, ne représentent que 1,08% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Or, il faut au moins 55 États qui totalisent au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre pour que l'Accord entre en vigueur. Et c’est ce qui semble inquiéter le président François Hollande.

« La première urgence, c’est l’entrée en vigueur de l’accord avant la fin de l’année. Et c’est loin d’être acquis », a indiqué le chef de l'Etat français dans son discours diplomatique de rentrée devant les ambassadeurs français. Il a appelé les ambassadeurs à « redoubler d’efforts pour inciter (leurs) pays de résidence à ratifier l’accord avant la réunion de Marrakech », prévue en novembre.

Pour entrer en vigueur, à compter de 2020, l’Accord doit être ratifié par au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement. Une note positive, cependant : La Chine et les Etats-Unis, les deux premiers pollueurs de la planète, ont annoncé leur intention de ratifier l'accord d'ici la fin de l'année. Mais entre l’intention et l’action…

Laurent Fabius, ancien président de la COP21, a lui aussi laissé paraître une inquiétude pour les lenteurs enregistrées dans le processus de ratification : « La totalité des informations scientifiques recueillies sur les changements climatiques confirme en effet qu’il n’y a aucune bonne nouvelle spontanée à attendre. 2015 a battu tous les records ; chaque mois qui passe est le plus chaud jamais enregistré et 2016 battra 2015 ».

Celui qui avait été la cheville ouvrière de la COP21 et de la conclusion de l’Accord de Paris, en sa qualité alors de ministre des Affaires étrangères de France insiste : « Des difficultés majeures apparaissent ou se confirment qu’il serait irresponsable d’occulter. Et d’abord concernant la ratification elle-même de l’accord de Paris : il y faut au moins 55 Etats, représentant plus de 55 % des émissions de gaz à effet de serre ; nous en sommes à moins de 2 % ! Des promesses sont données,...

mais le fait est qu’aujourd’hui ni la Chine, ni les Etats-Unis, ni l’Union européenne, ni l’Inde, ni la Russie – les cinq premiers émetteurs mondiaux de CO2 – n’ont encore franchi le pas. Il est vital, au sens propre, qu’ils le fassent et vite ».

Le président français et le roi du Maroc s’étaient engagés à s’entraider pour recueillir le plus de ratifications avant la tenue de la COP22. Mais si la France semble faire le travail, on peut se demander si la diplomatie marocaine suit le rythme. Le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar est le président du Comité de pilotage de la COP22, mais son mandat de ministre expire avec les élections du 7 octobre et, en sa qualité de chef du parti, on peut se poser la question de sa disponibilité.

Le site officiel de la COP22 indique cependant que «  l’optimisme est de rigueur. Plusieurs pays, dont deux des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre à savoir la Chine et les Etats-Unis (près de 38% des émissions de GES à eux deux), ont déjà annoncé leur volonté de ratifier l’Accord d’ici fin 2016. Une étude réalisée début août par les îles Marshall, elles-mêmes fortement engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique, confirme l’espoir d’une entrée en vigueur avant la fin de l’année. D’après cette étude, 58 pays représentant 54% des émissions de GES, ont promis de ratifier l'Accord de Paris d’ici la fin de cette année ».

Qu’en est-il du Maroc ? Alors que la France a ratifié l’Accord début juin, le Maroc en est encore dans sa phase parlementaire. Ce n’est en effet que le 26 juillet dernier que le projet de loi 42-16 portant approbation de l’Accord de Paris a été adopté par la première Chambre du Parlement. 7 mois après Paris et 4 mois seulement avant Marrakech…

Il est quand même heureux de savoir que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon est actif lui aussi pour faire ratifier l’Accord. En effet, il tire profit de la tenue annuelle de l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre, pour inviter les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris, en particulier les 5 grands que sont les Etats-Unis, la Chine, l’Union européenne, l’Inde et la Russie.

AB

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