Le roi Mohammed VI s’adresse à ses pairs arabes réunis en Sommet à Nouakchott

Le roi Mohammed VI s’adresse à ses pairs arabes réunis en Sommet à Nouakchott

Le Maroc avait renoncé en février à accueillir le 27ème Sommet arabe en raison des dissensions et des clivages dans les rangs de la Ligue arabe. La Mauritanie de Mohamed Ould Abdelaziz a pris le relais, et le Sommet s’est ouvert hier. Le roi Mohammed VI s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, qui a délivré le message du chef de l’Etat. Extraits.

Pourquoi ne pas avoir organisé le Sommet au Maroc ?

« Cette décision a été (…) dictée par le devoir de procéder à une analyse objective et impartiale de la réalité arabe et par la nécessité d’attirer l’attention sur les périls, internes et externes, visant le démembrement des pays arabes (…). Il va de soi que le propos, ici, n’est pas de donner des leçons ou de rivaliser à faire les meilleures lectures. Il s’agit plutôt de raffermir la conscience collective quant à l’inéluctable nécessité de s’unir pour défendre l’option de gagner le pari civilisationnel qu’est la construction de l’Etat moderne, fondé sur la citoyenneté, le droit et l’attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté nationale ».

C’était, en substance, ce qui avait été dit en février quand Rabat avait décidé de céder son droit à organiser cette grand-messe arabe. Les Arabes sont divisés, et parlent creux. Il faut se ressaisir…

Les bonnes questions quant à la triste réalité arabe

« Depuis quand la division a-t-elle été source de force ? Sommes-nous capables d’affronter individuellement les défis communs sans nous compléter les uns les autres ?

Les solutions clé en main empruntées, les théories fumeuses inventées de toutes pièces et les velléités séparatistes ne nous ont-elles pas précipités dans un engrenage d’émiettement sans fin, réduisant à terme l’Etat à la portion de quartier ou de 'hara’?

La souveraineté de l’Etat n’a-t-elle pas été foulée aux pieds sous prétexte de défendre un rite, une communauté ou un credo déterminés, alors que l’esprit de citoyenneté est sacrifié au profit d’allégeances n’ayant d’autre visée que de manipuler les esprits et d’instaurer l’hégémonie ? ».

En fait, les Arabes se prennent les pieds dans des querelles intestines et sans relief, ouvrant sur l’émiettement et la perte de souveraineté, renforcée par le manque de cohésion et de solidarité. Et, à cet effet, le...

roi ajoute qu’ « il se leurre celui qui pense être capable tout seul et par ses propres moyens uniquement, de se prémunir contre le terrorisme, sans coopération ni coordination avec son environnement et le monde autour de lui ».

L’islam ravagé et « défiguré »

« Est-ce faire prévaloir notre religion islamique tolérante, religion du juste milieu et de la modération, que de laisser les extrémistes et les terroristes la pervertir obstinément pour justifier leurs actes criminels perpétrés contre les pays et les populations, sans que nous ne réfutions adéquatement leurs interprétations tendancieuses et leurs thèses fallacieuses ?.

Est-il juste qu’on nous colle, ainsi qu’à nos enfants après nous, une image défigurée parmi les nations, alors que nous sommes aussi porteurs du message des Lumières, que nous comptons à notre actif des contributions notoirement connues à l’édification de la civilisation humaine, et que nous nous faisons un devoir de rester en interaction avec les autres nations, dans l’intérêt bien compris de l’humanité ? ».

Il s’agit dès lors d’œuvrer pour redorer le blason d’un islam aujourd’hui « défiguré », alors même qu’il a été à l’origine d’une grande civilisation ayant tant apporté à l’humanité. Mais qui le sait aujourd’hui ? Qui s’en rappelle encore ? C’est donc aux Arabes qu’il appartient de travailler pour remettre les choses à leur endroit.

Un mot gentil pour les Français et deux mots aimables pour le président égyptien

Pour la France : « C’est notre attachement à la paix qui justifie notre soutien aux initiatives sérieuses visant à réunir les conditions idoines et les motivations réalistes pour concrétiser la Solution des deux Etats, notamment l’Initiative française à la portée internationale globale ».

Pour l’Egypte et surtout son président : « La démarche égyptienne à l’impact régional empreint de réalisme » (concernant le règlement de la question palestinienne, et aussi, en début de discours, « je tiens également à saluer les efforts déployés au service des Causes arabes par Son Excellence, Monsieur Abdel Fattah Al-Sissi, Président de la République arabe d’Egypte, Président de la précédente session du Sommet arabe ». On rappellera à toute fin utile que l’Egypte n’a pas signé la motion des 28 pays africains ayant pris acte de la demande d’adhésion à l’Union africaine et ayant décidé d’ « agir » pour faire suspendre la RASD au sein du cénacle africain.

AB

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