Le RNI plus mûr, presque mature, rassure…

Le RNI plus mûr, presque mature, rassure…

Le Rassemblement a rassemblé ce mercredi 29 juin les opérateurs économiques de la capitale économique et d’ailleurs, ses élus locaux et parlementaires de la ville, des ministres, des journalistes, et le totalement inattendu Miloudi Moukhariq de l’UMT…  Ce soir-là, le RNI, parti d’appoint sur la scène politique, a fait le point sur la situation économique et sur ses objectifs à venir.  Reportage.

Le parti de Mezouar, aussi souriant que ce dernier, a fait mieux que le PAM qui avait organisé la même sauterie le weekend dernier, mais avec une affluence bien plus discrète et que l’UC, parti à l’influence étriquée, qui s’est réuni à huis-clos, presque secrètement, avec des grands patrons venus écouter les monologues de Sajid. Quant au PJD, il n’ose pas s’ouvrir sur la société, Benkirane préférant adresser ses harangues à ses troupes, et attaquer copieusement son adversaire-obsession, en l’occurrence Ilyas el Omari, mais entre amis et commensaux.

Lors de ce grand ftour du RNI, dans la grande salle d’un grand palace de la ville, l’organisation était parfaite (nonobstant, tout de même, quelques menus problèmes de sono), avec un minutage maîtrisé, malgré la grande affluence d’une assistance affamée… d’aliments et d’enseignements. Ils étaient 570 convives, annonce le maître de cérémonie Mostafa Mellouk de Casablanca Media Partners, dont 450 chefs d’entreprise venus en parité genre assez admirable.

Les gens arrivent, se saluent, tombent dans les bras les uns des autres, se donnent mutuellement des nouvelles d’eux-mêmes, certains s’évitent soigneusement tandis que d’autres approchent ou tentent de s’approcher des grands du moment, le souriant Mezouar, le discret Rachid Talbi Alami (président de la Chambre des représentants pour ceux qui ne le connaissent pas), le vibrionnant Moulay Hafid Elalamy, l’affable Boussaïd, le très mondain Khouna Moncef et les autres… L’appel du muezzin retentit dans la salle, et la grande bouffe commence, puis se termine, alors que commencent les allocutions, sous forme d’entretiens avec Mostafa Mellouk, qui précise que « nous sommes à 100 jours de l’élection législative du 7 octobre ». La précision est importante car, avec lui, Mezouar expliquera que le RNI se donne 100 jours pour mettre en place « 5 à 7 mesures » pour relancer une économie qui n’en finit pas de l’être…

A tout seigneur, tout honneur, Salaheddine Mezouar, président du RNI, président du Comité de pilotage de la COP22, ministre des Affaires étrangères et avec tout ça, le sourire toujours plaqué aux lèvres... Il explique à l’assistance intéressée qu’ « il serait facile pour un RNI, parti âge de 40 ans, parti social-libéral, d’élaborer un programme économique et de le soumettre aux électeurs. Mais non… nous préférons écouter les opérateurs et nous inspirer de leurs idées et propositions ».  C’est gentil. Félicitant les présents de l’être à cette grand-messe, « les entrepreneurs ayant toujours une appréhension à assister aux réunions politiques », il adresse un salut appuyé au syndicaliste, son « ami et compagnon de route » Miloudi Moukhariq, qui n’en pouvait plus de satisfaction d’être ainsi mis à l’honneur. On n’essaiera pas de comprendre comment le chef de file de la rugueuse contestation syndicale contre le gouvernement peut être un aussi grand ami du numéro 2 ou 3 du même gouvernement. Spécificité et bizarreries marocaines…

Mezouar explique également que le RNI est « ce parti qui apporte et a toujours apporté les équilibres nécessaires à la scène politique nationale… et qui ne fait pas de surenchère »… Une allusion amicale aux « alliés » du RNI que sont les gens du PJD, sans doute. Encore une pette pique : « Le show politique est apparu au Maroc en 2011, et ceux qui le font veulent attirer l’attention sur eux, tant il est vrai qu’on fait du show politique quand on a rien à dire, quand on n’a pas le contenu »… Suivez sa pensée, et vous verrez la cible.

Le patron, désormais incontesté (ou...

presque) du RNI, explique l’entrée des siens et de lui-même au gouvernement par la volonté de « sauver le pays », après de longues négociations certes, mais d’abord et avant tout pour redonner de la couleur aux comptes publics exsangues à l’époque, en 2013, et aussi pour « stabiliser » le gouvernement, et le parlement dans la foulée. Objectif presque réussi, il faut le dire, malgré quelques coups de sabre perdus ici et là entre RNI et PJD.

Salaheddine Mezouar affirme donc qu’au lendemain des élections, et si son parti est en situation de gagner, ou d’être parmi les gagnants, il privilégiera « 5 à 7 mesures », à mettre en œuvre dans les 100 jours, une envolée napoléonienne qui, on l’espère pour lui, ne se terminera pas en Waterloo. D’abord, explique donc l’orateur, fixant  Moukhariq, ému aux larmes, « un pacte avec les partenaires sociaux pour assurer une stabilité sociale sur 5 années », ensuite des mesures en faveur des jeunes et d’autres pour les entreprises, et « un début d’initiative pour les Régions ».

Puis arrive le très attendu « grand argentier du Royaume », l’aimable et gentil Mohamed Boussaïd, qui démarre, lugubre, en rappelant que « en 2013, on évoquait le spectre sinistre du Programme d’ajustement structurel des années 80 ». Il est vrai que Benkirane et son équipe PJDisto-istiqlalienne avaient regardé, impuissants, la descente aux enfers budgétaire de l’économie nationale. Le ministre dégaine ensuite ses réalisations sous forme de slide, ci-dessous, qu’il détaille. Convaincant.

Mohamed Boussaïd réserve alors une partie de son discours à une mesure très applaudie, les délais de paiement du public au privé. Les deux mois de délais seront désormais scrupuleusement respectés, sous peine d’amendes « contraignantes » et, en cas de paiement sans ces pénalités, un moratoire sera appliqué, « quitte à bloquer le budget de l’administration mauvaise payeuse jusqu’à règlement de l’amende ». Boussaïd annonce également que durant les 5 premiers mois de 2016, l’Etat a réglé 2,9 milliards de TVA. Re-applaudissements bruyants d’une salle toujours aussi comble et comblée. Et il achève en promettant que la loi de Finances 2017 sera bel et bien soumise au parlement avant le 20 octobre. Avec des élections le 7 octobre et une campagne électorale où le RNI sera manifestement opposé au PJD et au PPS, ses « alliés » au gouvernement, on souhaite bien du courage à Boussaïd.

Et, enfin, dernier orateur à se matérialiser sur scène, Moulay Hafid Elalamy qui annonce dès le départ que « le gouvernement actuel, lors de sa constitution, a été bien pensé. Les négociateurs ont tout bien fait, répartissant soigneusement les portefeuilles aux ministres. Et tout ce qui restait sur la table, on me l’a attribué. Merci, président ! ». Mais l’ancien président de la CGEM qu’il fut de 2006 à 2009 se rattrape en lançant que « le souci du gouvernement n’est pas de baisser l’IS à qui que ce soit, mais de veiller aux équilibres nationaux ». Une gentille adresse à sa grande amie et successeuse à la tête de la CGEM Miriem Bensalah Chaqroun, dont l'organisme réclame à n'en plus pouvoir des baisses d'impôts.

Il explique également que le Maroc devra créer sur les 10 ans à venir 1.300.000 emplois, soit 130.000 par an, alors même que seuls 75.000 sont créés chaque année, bon an mal an, d’où le déséquilibre qu’on connaît, et d’où son action de permettre la création de 500.000 emplois, son grand dessein d’avenir. Enfin, MHE annonce qu’en matière d’activité informelle, 37.000 entreprises sont enregistrées pour basculer de l’activité informelle au formel.

La salle a alors pris la parole et des questions ont été adressées aux dirigeants du RNI, politiques, économiques, et autres… Une grand-messe convaincante, des orateurs en verve, une assistance aux anges. Un RNI ressuscité de la morosité qui l’a toujours caractérisé, mais qui ne l’empêchera pas d’être, encore et toujours, ce parti d’appoint aux majorités gouvernementales.

Aziz Boucetta

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