La Région Casablanca-Settat au menu des "Jeudis de l'UC"

La Région Casablanca-Settat au menu des "Jeudis de l'UC"

Fin avril, la première édition des « jeudis de l’UC » avait porté sur les libertés individuelles, et ce 26 mai, le thème était la régionalisation au cœur des stratégies sectorielles nationales. L’Union constitutionnelle, parti qui a été grand dans les années 80 et 90, veut renouer avec son passé, en attirant du monde. Il y réussit, bien que le monde attiré soit essentiellement intellectuel. Cette fois, le plateau était constitué, entre autres d’Aziz Akhannouch et de Mustapha Bakkoury.

Le parti de Mohamed Sajid ne se remet toujours pas de son audace d’aborder des thèmes de réflexion, puis d’en discuter, hors de toute censure ou plutôt d’autocensure. Jusques-y compris le secrétaire général Sajid, qui l’a répété au cours de son allocution. C’est vrai que la liberté de ton de l’UC dénote par rapport à ce que l’on savait de ce parti. Mais on attendra encore un peu pour avoir un véritable tribun à sa tête. Car Mohamed Sajid, s’il parle bien, adopte toujours un ton passablement professoral. Qu’a dit Sajid, sur son ton professoral donc ?

Que « les politiques sectorielles doivent être portées par les institutions, et aussi par la présidence du gouvernement. Or, il ne me semble pas que le chef du gouvernement ait vraiment pris conscience de l’importance de la politique sectorielle »… puis, enhardi par sa propre audace, l’ancien maire de Casablanca poursuit : « Aujourd’hui, le gouvernement annonce un taux de croissance de 2%. Jamais nous n’avons connu ça ». Mais comme le ministre de l’Agriculture figure parmi les invités, Mohamed Sajid a un mot gentil pour lui… « Mon ami Aziz Akhannouch porte ses programmes avec efficacité mais nous sommes quand même déçus par le gouvernement et la récession que connaît le pays ».

Prenant à son tour la parole, le ministre (dont on ne comprend toujours pas très bien la présence dans un colloque de réflexion organisé par un parti d’opposition), présente le Plan Maroc Vert, lancé en 2008, et qui a  connu deux grandes phases : la transformation de l’agriculture dans le cadre de la Régionalisation avancée, et la valorisation/accélération de l’activité agricole. Le PMV a instauré une sorte de nouvel ordre agraire en cela qu’il contribue à faire passer l’agriculture de son aspect traditionnel et familial à une dimension plus moderne.

Et le ministre de donner les chiffres de l’agriculture dans la région Casablanca-Settat (qu’il a appelée Grand Casablanca avant d’être gentiment corrigé par Mustapha Bakkoury).

  • 694 exploitations ;
  • 437.000 hectares de surface utile,...

    dont 146.000 irrigués, soit à peine 10% ;

  • 823 unités de valorisation industrielle, 102 associations de développement agricole et 1.108 coopératives agricoles dont 52% pour la filiale laitière
  • La Région contribue pour 45% de la production avicole nationale, 18 % pour la viande rouge, 24% de céréales et de lait.

Mais le ministre insiste sur un point important à savoir la nécessité de protéger les terres agricoles de la Région de l’urbanisation avancée qu’ils connaissent.

Puis le président de la Région Casablanca-Settat Mustapha Bakkoury prend la parole pour présenter sa Région. Un discours parfait de technocrate accompli. 30 minutes de discours sans notes, dans lequel, contrairement à Sajid, il évite avec beaucoup d’élégance d’attaquer le gouvernement. Il explique ainsi que les politiques sectorielles ont été pensées isolément alors même qu’elles devaient l’être dans l’association et l’intégration afin de parvenir à de meilleurs résultats.

Bakkoury explique aussi que la Région manquera d’eau dans les 20 ans si rien n’est fait aujourd’hui. En effet, la poussée démographique de la Région est la même que celle du pays, soit 1,4%, mais il existe des zones à 5%, avec des pics à 9%. D’où la nécessité de penser aux infrastructures pour la mobilité de ces populations, en plus des ressources hydriques.

La croissance du pays, et de la Région, doivent être toujours au plus haut car, comme l’avait mentionné Akhannouch, rappelle Bakkoury, si l’agriculture est résiliente, le développement du pays ne doit plus être tributaire de la pluviométrie, et celui de la région aussi, car elle est devenue aussi à vocation agricole (représentant 15% de la valeur ajoutée nationale du secteur).

Dans la province de Settat, par exemple, les surfaces irriguées ne représentent que 3% des surfaces utiles, et les exploitants de ces surfaces utiles en sont encore au même point que dans les années 70. Aussi, s’il n’y a pas de valorisation de la région et de ses ressources hydriques, les chiffres avancés par Aziz Akhannouch resteront à leur niveau actuel.

Mais, par chance, la Région a une ouverture sur la mer sur 235 km, et il est temps à penser au dessalement de l’eau de mer.

On le disait donc, les Jeudis de l’UC sont intéressants et placent ce parti dans la réflexion nationale, sauf qu’il semblerait qu’il manque encore de cadres et de tribuns. C’est sur cela que le SG Mohamed Sajid devra se pencher, au-delà de réflexions qui restent, somme toute, intéressantes et bienvenues.

 

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