1er mai, une fête du travail plutôt fade, avec discours et rodomontades

1er mai, une fête du travail plutôt fade, avec discours et rodomontades

L’année passée, le 1er mai avait été tout simplement boycotté par les syndicats, dans ce qui était alors une décision étrange de peser sur le gouvernement qui refusait d’écouter les responsables des centrales. Cette année, et après le succès de la grève générale de fin février (85%de participation), le forcing avait été fait pour le 1er mai car les syndicats se sont senti pousser des ailes… Las.

A Casablanca, les centrales étaient là, plus ou moins en force, et, bien évidemment, en ouverture de tout, elles ont appelé à une mobilisation sociétale “globale” pour faire face aux manœuvres visant l’intégrité territoriale et la stabilité du Royaume. Les centrales ont organisé des meetings distincts, montrant là la fragilité de leur alliance face au gouvernement, dont seul était présents les membres dits « communistes », comme Nabil Benabdallah ou Houssaïne el Ourdi, pourtant soutiens proches de Benkirane.

Amaoui, chef souffrant de la CDT, a critiqué le gouvernement, indiquant le Dialogue social d’échec, et les autres chefs de syndicats, ici et là, ont répété les mêmes antiennes sur la nécessité de relever le niveau de vie des travailleurs, de leur accorder plus de libertés syndicales, etc… globalement, sur leurs différentes sites, on peut considérer que les manifestations les moins dépeuplées étaient celles de l’UMT, de l’UNTM et de l’UGTM. Les trois centrales syndicales ont les moyens, faut-il remarquer…

Quant à Miloudi Moukharik, chef de l'UMT, il a clairement menacé le gouvernement, et il semblait même y croire lui-même : « Face au “blocage” du dialogue social avec le gouvernement, la classe ouvrière est appelée à poursuivre son action sociale et politique “sous toutes ses formes” ».

A Fès, le leader de l’Istiqlal Hamid Chabat a fait fort. Il a d’abord choisi d’être dans son fief électoral – ou ce qu’il en reste –, au lieu de Casablanca ou de Rabat et il a fait du 1er mai un tremplin et une tribune pour lancer sa propre campagne législative, avec un vif espoir qu’elle fasse oublier la bérézina de l’élection communale.

Chabat a loué le gouvernement el Fassi, en opposition à celui de Benkirane qui mènerait le Maroc vers un avenir incertain. Très logique, il a repris le propos de Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme et de la Solidarité, qui se vantait que le RAMED concernait 9 millions de personnes qui touchent un revenu de moins de 10 DH/jour. Et Chabat de critiquer cette extension de la pauvreté dans le Maroc d’aujourd’hui, montrant que les chiffres, on...

en fait vraiment ce qu’on veut…

Les orateurs se sont donc succédé à la tribune, sous le regard ravi de l’ancien maire de la ville qui aimerait bien rester son député, et sous le regard goguenard d’Abdelwahed el Fassi, leader du courant Bila Haouada opposé (jadis) à Chabat et que celui-ci exhibe à chaque occasion. Et le 1er mai est une occasion…

A Rabat, malgré le mot d’ordre de sortir en force dès 8 heures du matin, la circulation est restée fluide, avec des estrades « syndicales » plutôt clairsemées. Ce sont les marches de diplômés chômeurs qui sont parues les plus et les mieux organisées, mais des heurts ont eu lieu avec les forces de l’ordre à certains endroits. Tous les syndicats ont mis en place des estrades, mais toutes les estrades n’étaient pas très peuplées.

Seule l’ODT, proche du PAM, a réuni un peu plus de monde que les autres, du fait qu’elle est chez elle à Rabat et que le « travail » a été bien fait pour assurer une forte présence venue entendre le Conseiller PAM Benazzouz appeler le bon peuple à « fortement sanctionner Benkirane, ce chef d’une bande d’escrocs au gouvernement ». Propos fort certes, mais peu crédible. Qualifier Benkirane de « fauve prédateur en politique », comme l’a dit encore Benazzouz, est concevable, mais pas escroc…

On remarquera également la présence d’Amnesty international qui a revendiqué le droit à une liberté d’expression non limitée, non bridée. Les militants de l’ONG ont également réclamé le droit à l’information, aux libertés syndicales…

A Meknès, la présence des travailleurs était inversement proportionnelle à la force des slogans, (« touche pas à mes acquis », haro sur la caisse de compensation et lé réforme des retraites…). La CDT a pu mobiliser quelques 1.500 personnes, à peine plus que les autres centrales, mais partout, les associations d’étudiants et des enseignants stagiaires sont venus grossir un peu les rangs des marches. L’UGTM a également peu rassemblé, 300 à 400 personnes, pratiquement le même effectif que l’UNTM du PJD, qui a organisé un meeting à la limite du confidentiel…

A Oujda, seules l’UMT et l’UNTM ont su mettre en marche un nombre à peine visible de travailleurs, 3.000 personnes environ chacune. Les autres syndicats ont attiré très peu de monde. Et, question slogans, bien entendu l’UMT a été virulente contre le gouvernement, prenant fait et cause pour les étudiants et les chômeurs qui constituaient le gros de ses rangs,  et l’UNTM (proche du PJD) plutôt favorable à l’action gouvernementale.

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