Confrontée à une crise politique, l’Espagne organise de nouvelles élections générales
Quatre mois après un scrutin législatif qui n’a pas permis de dégager une majorité claire, et après plusieurs tentatives infructueuses de former un gouvernement, tour à tour par le Parti populaire (sortant) et le Parti socialiste ouvrier, le roi Felipe VI a décidé de mettre un terme aux consultations et de re-convoquer de nouvelles élections.
Le roi d’Espagne a donc annoncé, mardi soir, qu'il ne proposerait pas de nouveau candidat pour le poste de chef du gouvernement. Les électeurs se rendront donc à nouveau aux urnes le 26 juin pour élire leurs députés. En Espagne, le souverain est le peuple, et le roi n'en est que la représentation. Rédigée en 1978 après la dissolution du régime franquiste, la Constitution espagnole lui laisse une place relativement importante. Il est le chef de l'Etat et de chaque région autonome, dirige l'armée, nomme le président du gouvernement et peut dissoudre le Parlement. Après les élections législatives, le chef de file de la majorité parlementaire est investi par le roi pour devenir « président du gouvernement », terme employé pour désigner le premier ministre.
Or, les élections du 20 décembre 2015 ont produit le résultat le plus fragmenté depuis le retour de l'Espagne à la démocratie, mettant fin à l'alternance traditionnelle entre le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) qui prévalait depuis la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. De nouveaux venus, le parti anti-austérité Podemos (« Nous pouvons ») et le mouvement centriste Ciudadanos (« Citoyens »), ont fait leur entrée au Congrès des députés, la chambre basse des
Cortes Generales, le Parlement espagnol, profitant du mécontentement de la population face à la corruption et aux difficultés économiques de ces dernières années.
Le PP, le parti du chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, est arrivé en tête le 20 décembre, avec 123 sièges sur les 350 que compte la chambre basse, mais a perdu sa majorité absolue. Les socialistes ont obtenu 90 sièges, Podemos 69 sièges et Ciudadanos 40 sièges.
Après l’échec de Mariano Rajoy à former un gouvernement, l’espoir avait été placé dans les socialistes, plus proches de Podemos, mais là encore, les choses n’ont pas été comme elles l’auraient dû. Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, a déclaré que Mariano Rajoy, ainsi que le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias (photo, avec le roi Felipe VI), étaient les principaux responsables de la nouvelle convocation aux urnes des Espagnols. « Que je sache, M. Iglesias n'a jamais voulu faire de pacte avec le Parti socialiste. La politique espagnole a souffert d'un double blocage, de M. Rajoy et de M. Iglesias », a affirmé Pedro Sanchez.
Podemos a pour sa part estimé qu'une coalition de gauche aurait été possible si Pedro Sanchez n'avait pas fixé des conditions inacceptables pour les autres partis. Pedro Sanchez demandait notamment que la coalition s'engage à voter les deux premières lois de finance afin de garantir la stabilité du gouvernement, ce qu'a refusé Pablo Iglesias. « Nous aurions aimé pouvoir faire un effort, mais en réalité, les socialistes ont dit 'non' », a dit Pablo Iglesias à la presse.
Retour aux urnes, donc, le 26 juin.
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