Toujours un mauvais classement du Maroc dans le classement RSF
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- 20 avril 2016 --
- Maroc
RSF, c’est Reporters sans frontières, et cette ONG publie régulièrement des classements, et classe tout aussi régulièrement le Maroc dans le peloton de queue. Cette année, le Maroc se situe à une peu glorieuse 131ème position, qui, pour être en effet discutable, trouverait sa justification dans la législation en passe d’être adoptée.
Voici ce que dit, en substance, RSF sur le Maroc : « La liberté des médias se dégrade lentement mais sûrement au Maroc, où les autorités renforcent leur emprise sur les médias afin de les dissuader de couvrir des sujets aussi sensibles que la monarchie, l'islam et le Sahara. Les journalistes et citoyens-journalistes sont menacés par la censure, la surveillance, l'intimidation, et de lourdes amendes et/ou peines d'emprisonnement. Les médias étrangers ne sont pas épargnés non plus. Au début de 2015, les autorités ont arrêté et expulsé une équipe de télévision France 3 (et confisqué son matériel) parce qu’elle réalisait un documentaire sur l'économie et les droits de l'homme au Maroc sans obtenir au préalable l'autorisation administrative nécessaire. Les progrès limités apparus dans trois projets de loi sur les médias, datant de 2014, sont en train de devenir obsolètes à la suite de modifications du Code pénal, clairement conçues pour restreindre le droit à l'information des journalistes ».
Si l’expulsion de l’équipe France 3 en 2015, et de celle de Canal+ en 2016, se justifient par la nécessité de respect de la loi, le commentaire sur les « sujets sensibles » est moins évident. On parle de tout au Maroc, à la condition, peut-être, d’y mettre certaines formes…
Quant au corpus de lois sur la presse en passe d’être adoptées au parlement, sur proposition du ministère de la Communication dirigé par le...
PJD Mustapha el Khalfi, il pose effectivement problème. A commencer par son rejet par la quasi-totalité des professionnels, ainsi que par les deux organismes représentatifs que sont le Syndicat national de la presse marocaine, le SNPM, dirigé par Abdallah Bakkali (lui-même aujourd’hui poursuivi en justice par le ministre de l’Intérieur) et la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, FMEJ, présidée par Noureddine Miftah. La profession reproche à el Khalfi d’avoir proposé un projet liberticide, supprimant certes les peines de prison pour les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, mais les renvoyant malicieusement vers le Code pénal qui, lui, a la charge lourde. Les amendes, pour leur part, sont à leur tour lourdes, malgré les dénégations peu convaincantes du ministre.
Mais il y a aussi l’affaire Ali Anouzla, que les pouvoirs publics ne semblent pas vouloir cesser de tourmenter. En 2013, il était poursuivi (et l’est toujours en principe), et même arrêté un mois et demi, pour apologie de terrorisme, et en 2015, on lui avait reproché d’avoir évoqué l’expression « Sahara occupé », ce qui semble encore une fois bien léger comme accusation…
Et il y a eu également le cas Maâti Monjib, inquiété pour une sombre affaire de mauvaise gestion, fin 2015. L’affaire n’avait dû son dénouement que suite à une grève de la faim du journaliste-chercheur, qui avait failli mal se terminer.
Et donc, le classement de RSF pour le Maghreb donne cela : la Mauritanie en pole position, à la 48ème place, suivie de la Tunisie (96ème), de l’Algérie (129ème), le Maroc (13ème), et la Libye (164ème). Le Maroc est ainsi moins bien classé que l’Afghanistan (129ème), et il est 10ème dans la zone MENA et 36ème en Afrique.
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