Violents échanges au parlement entre PJD et Istiqlal sur la réglementation du kif

Violents échanges au parlement entre PJD et Istiqlal sur la réglementation du kif

La question de la réglementation de la culture du kif se pose depuis plusieurs années au Maroc, mais avec acuité depuis quelques mois, et surtout depuis que la région Tanger-Tétouan-al Hoceima, présidée par le SG du PAM Ilyas el Omari,  a organisé voici un mois un colloque international autour de cette affaire. Aujourd’hui, à la Chambre des représentants, il y a eu une joute verbale virulente entre le PJD et l’Istiqlal à ce sujet.

Et à tout seigneur tout honneur, l’échange a mis aux prises les deux chefs de groupe, Abdallah Bouanou (PJD) et Noureddine Mediane, en réaction à la réponse du ministre de la Santé Houssaine El Ouardi à une question à lui posée sur la politique de désintoxication des personnes présentant une addiction aux drogues. Le ministre a expliqué que le Maroc ne dispose que de 8 centres pour cela et que le fléau touche des jeunes, voire des adolescents âgés de moins de 18 ans. Les consommateurs réguliers d’alcool représentent 2% de cette population de jeunes, et l’addiction 1,4%. Pour la drogue, ces proportions montent à 3,3% et 2,8%

Abdallah Bouanou a donc pris la parole pour dire qu’ « il faut cesser de vendre de l’illusion aux Marocains », que si l’Etat légalise la culture du kif, toutes les régions du Maroc en produiront alors et la question sera de savoir si on veut droguer les Marocains à vie, ou...

juste pour une période déterminée… Ironique et même sarcastique, il s’en prenait aux projets de loi déposés voici quelques années par le PAM et par l’Istiqlal.

Réagissant à cela, Noureddine Mediane a lancé qu’il ne fallait pas mélanger les serviettes et les torchons (« chaâbane mâ ramdane » en VO), et que le but du projet de loi est de, précisément, protéger les populations et les institutions en réglementant le cadre de culture du chanvre indien. « Nous, ce que nous voulons, est de créer une activité industrielle et médicale pour absorber la production du kif, à l’instar de nombre de pays de par le monde, et donc ce n’est pas nous qui vendons de l’illusion ».

Un échange viril mais stérile car les deux ont tort de verser dans la réduction facile. Il s’agit de procéder, comme l’a indiqué le PAM à qui il faut reconnaître le mérite d’une proposition intégrée, à la mise en place d’une agence publique qui fournirait le plant aux cultivateurs, un plant adapté à l’usage industriel, puis de récupérer la production en vue de la fournir aux différentes unités médicales ou industrielles dont la création entrerait dans le cadre d’une politique publique réfléchie.

L’objectif est de ne plus laisser un million de personnes vivre dans la précarité et environ 50.000 individus survivre sous la menace de mandats de recherche judiciaires pour culture de kif. Mais le débat est aujourd’hui lancé…

 

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